Le virus du Sida mute. Une nouvelle souche particulièrement agressive a été découverte à Cuba par une équipe de chercheurs de l'Université catholique de Louvain (Belgique) et l'Institut de Médecine Tropicale Pedro Kouri de La Havane. Leurs travaux ont été publiés dans la revue EBioMedicine et relayés par le magazine Courrier International.
La maladie survient en trois ans
Les chercheurs ont étudié les résultats sanguins et le suivi thérapeutique de 95 personnes atteintes du virus sur l’île. Ils ont observé que cette nouvelle souche provoque chez les personnes infectées une charge virale très forte, qui accélère le développement du Sida. Ainsi, les personnes qui ont contracté le virus développent la maladie seulement trois ans après avoir été contaminées, contre six à dix ans pour les autres souches.
Selon les auteurs des travaux, la progression de ce virus est si rapide que les patients tombent malades avant même de réaliser qu’ils sont séropositifs. Les experts craignent une évolution rapide du virus, qui pourrait devenir de plus en plus difficile à diagnostiquer et à traiter.
Des formes de virus recombinantes
Cette variante, appelée CRF19, combine le matériel biologique de trois variantes du VIH. « La communauté des chercheurs connaît bien la capacité du VIH à muter pour former de nouvelles souches », précise dans Hector Bolivar, de l'Ecole de médecine Miller de Miami, dans le Miami Herald. Il existe en effet soixante souches épidémiques du VIH-1 dans le monde. En novembre 2013, une autre souche agressive avait ainsi été découverte en Guinée-Bisseau.
Ces formes « recombinantes » du virus sont issues du croisement de plusieurs souches du VIH. Réputées plus virulentes que les souches à partir desquelles elles se sont développées, elles sont en pleine expansion, selon la communauté scientifique. Elles pourraient notamment émerger dans les endroits de forte immigration, comme les États-Unis et l’Europe, où la flore de VIH est complexe et mélangée.
Pour les auteurs, la découverte de la souche CRF19 pourrait expliquer, en partie du moins, la rapide progression de la maladie sur l’île – même si le taux d’incidence à Cuba reste faible (<0,1). Par ailleurs, d’autres facteurs ont pu contribuer à cette progression (pénurie de préservatifs, présence de maladies infectieuses opportunistes du Sida…).