Les Français, champions du paradoxe… En Europe, ils sont les premiers consommateurs de médicaments, avec un budget annuel de 95 euros par personne. Mais en même temps, une fois qu’ils sortent de la pharmacie, ils boudent les pilules censées les soigner.
25 % des médicaments prescrits par les médecins ne sont jamais consommés par les patients, selon un rapport de l’Observatoire Jalma du financement de la santé en France. Cette non-observance coûte cher à la population. En plus d’amenuiser ses ressources financières, elle est responsable de milliers de décès - 12 000 par an, selon le cabinet de conseil.
Sida, diabète, greffe...
Plus les pathologies sont graves et comportent un risque de décès, moins les patients semblent enclins à suivre leur traitement. Ces résultats confirment ceux d’une étude précédente, qui révélait que beaucoup de personnes seraient prêtes à mourir plus jeunes plutôt que de prendre des médicaments tous les jours.
Ainsi, seuls 64 % des personnes atteintes du Sida suivent sérieusement leur trithérapie. Même constat du côté des transplantés rénaux, dont le traitement doit permettre la survie de la greffe. Ils ne seraient que 66 % à ingérer quotidiennement leurs comprimés. Autre motif d’inquiétude : un tiers (35 %) des diabétiques observent mal leur traitement. Une proportion qui grimpe à 45 % pour ceux qui souffrent d'ostéoporose et à 63 % de goutte.
Méfiance, oubli
Parmi les raisons de cette non-observance, le cabinet Jalma cite, pêle-mêle, l'oubli, l'âge croissant des patients, les effets secondaires des médicaments, le manque de conviction en l'intérêt médical du traitement, une mauvaise relation entre le patient et le professionnel de santé. Les problèmes financiers sont également évoqués, notamment pour ceux qui ont une couverture assurantielle insuffisante.
Au final, « chaque année, 100 000 hospitalisations pourraient être évitées grâce à une meilleure observance en France », notent les auteurs du rapport, qui estiment à 1 milliard le surcoût annuel pour le système de santé. En novembre, le cabinet IMS Health avait vu encore plus grand. Selon ses calculs, en incluant toutes les complications liées à la non-observance, la facture s’élèverait à 9 milliards d’euros. Un grand gâchis.