Colas, bières, sauces, vinaigres, glaces… tous ces produits alimentaires contiennent un composé chimique le 4-méthylimidazole dit « 4-MEI ». Ce colorant qui donne sa belle couleur caramel à nos sodas n'est pourtant pas anodin. Il est classé comme « cancérigène possible » par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), rappelle ce jeudi Consumer Reports, un magazine de consommateurs américains. Pire encore, ces enquêteurs viennent de révéler que, malgré cette menace connue, rien ne change dans la composition des produits. Des résultats inquiétants publiés également dans la revue Plos One.
Un risque de cancer inutile
Pour affirmer cela, des experts de l'école Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health (Baltimore, Etats-Unis) ont examiné à nouveau 110 échantillons de colas et autres boissons non alcoolisées achetées en Californie et dans la région métropolitaine de New York. Ils ont ainsi constaté que les niveaux moyens de colorant « 4-MEI » dans les échantillons variaient de 3,4 à 352,5 microgrammes (mg) par bouteille.
Plus étonnant, des variations ont été constatées à plusieurs reprises pour le même type de boisson. « Par exemple, pour les colas light, certains échantillons avaient des niveaux très élevés en "4-MEI", tandis que d'autres échantillons avaient des concentrations très faibles », rapporte Tyler Smith, auteur principal de l'étude.
« Les consommateurs de boissons gazeuses sont exposés à un risque évitable et inutile de cancer à cause d'un ingrédient qui est ajouté dans ces boissons tout simplement à des fins esthétiques », regrette, pour sa part Keeve Nachman, autre auteur de l'étude. Il rajoute : « cette exposition inutile constitue une menace pour la santé publique et soulève des questions sur l'utilisation continue de colorant caramel dans la soude. »
La Californie en avance
Mais pour ces chercheurs, les résultat rapportés ne sont toutefois pas surprenants puisqu'ils rappellent qu'il n'y a « aucune limite fédérale s'agissant de la dose autorisée de 4-MEI dans les produits alimentaires. » Ils soulignent que seule la Californie « oblige les fabricants à étiqueter un produit vendu dans l'Etat avec un avertissement sur le risque de cancer s'il expose les consommateurs à plus de 29 mg de 4-MEI par jour. »
Conclusion de cette équipe : « Nous avons, d'une part, présenté nos résultats au bureau du procureur général de l'État de Californie, et, d'autre part, nous demandons désormais au gouvernement fédéral et à la Food and Drug Administration (FDA) de fixer des limites sur les doses de 4-MEI dans les aliments pour éviter les risques cancérigènes. »
Une législation française permissive
Une bouteille d'eau à la mer ? Possible, car PepsiCo et Coca-Cola avait déjà annoncé en 2012 qu’ils réduiraient leur dosage en 4-MeI. En vain visiblement. Et le constat est inquiétant puisque les données américaines montrent aussi qu'entre 44-58 % des personnes de plus de six ans consomment en général au moins une canette de soda par jour, peut-être plus.
S'agissant de l'Europe, l’Agence de sécurité des aliments (EFSA) se montre encore plus plus tolérante vis-à-vis de ce produit dangereux. Tout en reconnaissant qu’il faut régulièrement réévaluer ce colorant, elle a annoncé en 2011 que le niveau d’exposition en vigueur ne doit « pas susciter de préoccupation. » Elle recommande tout de même de maintenir la quantité de colorant à un niveau maximum… sans donner de chiffres...