L’histoire est en train de se répéter dans la résistance aux traitements du paludisme. Une histoire où des parasites résistants émergent en Asie du Sud-Est, se propagent à l’Inde via la Birmanie, et atteignent le monde, avec des milliers d’échecs de traitement et de morts. Cela s’est déjà produit il y a environ 50 ans pour un ancien traitement, la chloroquine. Cela en prend le chemin actuellement pour le traitement de référence du paludisme à base de dérivés d’artémisinine. Les résistances à ce traitement se sont propagées à travers la Birmanie et sont aux portes de l’Inde. Ce scénario est dévoilé vendredi dans The Lancet Infectious Diseases.
Cartographie en temps réel
Afin d’établir une cartographie en temps réel de la propagation de cette résistance en Birmanie, Kyaw Tun, de la Myanmar Oxford Clinical Research Unit à Yangon, et ses collègues se sont intéressés à l’ADN du parasite responsable du paludisme, Plasmodium falciparum, et à des mutations témoignant de la résistance à l’artémisinine. Ils ont analysé 940 échantillons de sang de patients atteints de paludisme recueillis entre janvier 2013 et septembre 2014 dans 55 centres de traitement du paludisme à travers la Birmanie et aux frontières de la Thaïlande et du Bangladesh.
Ils ont montré que 39% des échantillons étaient porteurs de la mutation. Ce taux était supérieur à 20% dans 70% des régions administratives du pays. Il était de plus de 10% dans l’Est et le Nord de la Birmanie. Mais surtout, il était de 47% à Homalin, dans la région de Sagaing, à 25 kilomètres de la frontière indienne.
Alarmant
« Cette étude met en évidence que la rapidité à laquelle la résistance à l’artémisinine se propage ou émerge est alarmante. Nous avons besoin d’un effort international plus vigoureux pour faire face à cette question dans la région frontalière », indique le Pr Philippe Guérin, directeur de la Worldwide Antimalarial Resistance Network (WWARN) et co-auteur de l’étude.