Deux millions de personnes atteintes, 728 cas graves, plus de 70 victimes avec un pic épidémique à venir, la grippe saisonnière inquiète les personnels soignants et les autorités. Au point que Marisol Touraine vient de déclencher le plan ORSAN d’organisation de l’offre de soins en situations sanitaires exceptionnelles.
Ce dispositif, explique le journal Les Echos, « comprend la mobilisation du secteur ambulatoire (médecine libérale) pour ne recourir à l’hospitalisation que pour les situations d’urgences le nécessitant ». Côté établissements de soins, les interventions non indispensables seront déprogrammées, des lits supplémentaires seront ouverts, les équipes soignantes seront renforcées.
Le secteur médico-social sera également mobilisé, ajoute le quotidien économique, pour prendre en charge les malades dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD).
Ces derniers jours, plusieurs hôpitaux ont signalé des situations sanitaires critiques. Des responsables évoquent une « sur-saturation » des urgences comparable à celle de l’été 2003. Cette année-là, la canicule avait fait 15 000 morts et le ministre de la Santé de l’époque, Jean-François Mattéi, avait été sévèrement mis en cause pour sa nonchalance dans la gestion de cette crise.
Pas question pour Marisol Touraine de subir le même sort. Mais à l’heure où la ministre de la Santé doit présenter au Parlement son projet de loi, cette nouvelle « tension » montre qu’en dix ans, les failles de notre système sont loin d’être colmatées. L’absence de la mobilisation de la médecine de ville et de coordination avec l’hôpital, l’engorgement des urgences, la timidité des campagnes de sensibilisation en faveur de la vaccination sont autant de cailloux dans la chaussure de la ministre.
Si on ajoute que les médecins, les infirmiers ne sont pas suffisamment protégés contre la grippe et qu’ils s’opposent à la possibilité pour les pharmaciens de vacciner la population, on comprend, alors, que les plans d’urgence ont encore un bel avenir.