En prévention secondaire (1) des infarctus et des pathologies cardiaques, l’aspirine serait plus efficace prise le soir, selon une étude. L’efficacité ne concernerait que la réactivité plaquettaire, et non pas la pression artérielle.
Un risque d'infarctus moins élevé au réveil
Les chercheurs ont suivi un groupe de patients présentant des troubles cardiaques pendant 24 heures, et mesuré leur niveau de plaquettes et leur pression artérielle - des indicateurs qui permettent d’évaluer les risques d’infarctus. Les travaux, publiés dans la revue Hypertension, montrent en effet qu’au réveil, la réactivité plaquettaire est diminuée de 22 Unités de Réaction à l’Aspirine (URA) si l’aspirine a été absorbée la veille, par rapport à quand elle est ingérée le matin.
Contrairement à ce qu’ont démontré plusieurs études, l’heure de prise n’aurait en revanche aucune incidence sur l’hypertension. Les patients avaient la même pression artérielle, qu’ils prennent l’aspirine avant de se coucher ou en se levant.
Synchroniser médicament et rythme biologique
Ce n’est pas la première fois que la science montre l’intérêt de synchroniser la prise de médicament avec le rythme biologique. En octobre, une étude parue dans le PNAS, (Proceedings of the National Academy of Sciences) a montré que certains gènes sont gouvernés par l’horloge interne et sont plus ou moins actifs en fonction de l’heure de la journée. Les médicaments agissent sur ces gènes, ce qui explique pourquoi le moment de la prise peut avoir un impact important sur leur efficacité.
Les chercheurs avaient également démontré que l’aspirine – consommée quotidiennement par des millions de Français – semblait être plus efficace le soir, dans le cadre de la lutte contre les crises cardiaques et les AVC. Cela permettrait au médicament d’agir avant le matin, moment où le risque est le plus élevé de faire une attaque.
Des prescriptions controversées
Pour autant, si l'utilisation d'aspirine en prévention des AVC et infarcus est très répandue, elle n'en est pas moins controversée. Un patient sur dix en consommerait à tort, selon une étude parue dans le Journal of the American College of Cardiology (JACC). Ce mauvais usage n’est pas sans risque, puisque les risques de saignements sont réels.
(1) La prévention secondaire cherche à déceler une maladie le plus tôt possible, avant la manifestation des symptômes, dans le but d'agir pour ralentir ou arrêter sa progression.