Réduire l'apport de calories est le credo pour perdre du poids. Mais la démarche reste peu concluante pour lutter contre l'obésité. Des chercheurs américains ont exploré une autre voie. Et ils ont réussi, chez la souris, à booster la dépense énergétique des muscles. Des travaux publiés dans Molecular Therapy, une des revues de Nature.
Neutraliser une protection naturelle
Les chercheurs de l'université de l'Iowa sont partis d'un constat très simple. Quand on cherche à perdre du poids en réduisant l'apport calorique, le corps humain ne fait pas la différence entre le régime et une possible famine. De processus biologiques de protection, vestiges de l'évolution, se déclenchent alors. Le métabolisme ralentit pour limiter au maximum les dépenses énergétiques, ce qui freine la perte de poids et contribue par la suite à l'effet « yoyo ». Les chercheurs ont donc développé une approche pour augmenter la dépense énergétique, même en cas de régime.
Leur cible ? Des protéines appelées KATP (canaux potassiques ATP-dépendants) et connues pour moduler l'efficacité énergétique des muscles. Dans une étude antérieure, les chercheurs avaient déjà montré chez des souris qu'altérer l'activité de ces protéines augmentait la dépense énergétique musculaire.
Ne pas agir sur le coeur
Une limite subsistait cependant. Les KATP sont des protéines essentielles au bon fonctionnement du coeur, et il fallait donc trouver un moyen de cibler le traitement sur les KATP des muscles squelettiques. Dans cette nouvelle étude, les chercheurs ont testé un composé appelé vivo-morpholino.
Injectés dans la patte des souris, ces vivo-morpholinos sont parvenus à bloquer la production de KATP de manière localisée, sans altérer les KATP cardiaques. Et bonne nouvelle, le muscle traité brûlait plus de calories tout en maintenant sa capacité à supporter un exercice physique.
Potentialiser l'exercice physique
Pour la plupart des personnes obèses il est difficile d'avoir une activité physique intense. Ce traitement qui oblige les muscles à brûler plus de calories leur permettrait de potentialiser les effets d'un exercice modéré. « Cette nouvelle stratégie thérapeutique ne vise pas à remplacer un exercice physique ou un régime alimentaire sain pour perdre du poids, a commenté Denice Hodgson-Zingman, un des auteurs de l'étude. Mais elle pourrait permettre d'amorcer une perte de poids en surmontant les résistances physiologiques de l'organisme. »