Pic épidémique atteint ou pas, la grippe 2014-2015 devrait, au total, clouer au lit 4 millions de personnes. Déjà, la moitié a souffert de ce virus particulièrement agressif cette année. « Ce n’est pas très rassurant », reconnaît aujourd’hui, François Bourdillon, directeur de l’Institut de veille sanitaire (InVS), dans les colonnes de Libération. « Nous sommes environ à la moitié de l’épidémie », explique-t-il.
Face à cette déferlante virale, Marisol Touraine a déclenché en fin de semaine dernière le plan ORSAN (1) pour désengorger les urgences hospitalières et mobiliser les médecins libéraux.
Sur les 600 000 patients contaminés chaque semaine, 6000 se présentent aux urgences, le plus souvent, avec un tableau clinique compliqué. Il s’agit de patients vulnérables (enfants, femmes enceintes) ou de personnes âgées qui souffrent de pathologies chroniques. « La plupart du temps, confie le Pr Bourdillon, la grippe aggrave une fragilité existante chez une personne. » C’est la raison pour laquelle les spécialistes préfèrent parler de « syndrome grippal ».
En dépit de ces risques et des campagnes de sensibilisation, environ, une personne âgée de 65 ans et plus sur deux ne s’est pas fait vacciner. Signe d'un désintérêt, d'une suspicion ou d'une remise en cause de l’efficacité du vaccin.
Il est vrai que, cette année, les virologues européens on perdu leur pari. « Ils étudient les souches de virus présentes dans l’hémisphère sud et émettent des probabilités sur leurs propagations et leurs mutations dans l’hémisphère nord », détaille le patron de l’InVS.
Cette année, l’apparition d’une nouvelle souche (H3N2) a contrarié leur pronostic. Elle a contaminé 60 % des personnes touchées par la grippe. « Une souche particulièrement agressive sur laquelle le vaccin n’a pas de prise », résume François Bourdillon dans le quotidien. Mais cet expert prévient aussitôt : une personne qui se vaccine augmente ses chances d’être immunisée et elle contribue, par cette protection personnelle, à limiter la propagation du virus dans la population.
(1) Organisation de la réponse du système de santé en situations sanitaires exceptionnelles