La puberté précoce des enfants, filles comme garçons, inquiète de plus en plus. Et pour cause, les études scientifiques qui s'accumulent sur le sujet depuis quelques années tendent à associer le phénomène avec une augmentation du risque de développer des problèmes de santé à l'âge adulte, de désordres métaboliques à certains cancers.
Plusieurs spécialistes français et belges s'expriment aujourd'hui dans les colonnes du Monde pour dénoncer une « véritable épidémie ». Médecins et chercheurs l'expliquent, plusieurs études épidémiologiques confirment que les signes sexuels secondaires (poils, seins, taille des testicules...) apparaissent de plus en plus tôt.
La première publication d'ampleur sur le sujet est parue dans la revue Pediatrics en 2008, souligne le Pr Charles Sultan, chef du service d'endocrinologie pédiatrique au CHU de Montpellier. Les auteurs avaient alors analysé des données américaines couvrant la période de 1940 à 1994.
Et en France ? C'est là que le bât blesse. Alors que la communauté scientifique internationale travaille sur le sujet depuis une bonne vingtaine d'années, il n'existe presque pas de données sur la situation dans l'Hexagone. L'Institut national de Veille Sanitaire (InVS) a récemment mis en place un « système de surveillance », explique Le Monde, « basé sur le remboursement des médicaments », ceux prescrits aux enfants pour bloquer l'évolution des signes pubertaires. L'InVS a ainsi estimé que le nombre de cas serait de 1 173 fillettes et 117 garçons seraient concernés chaque année.
Si les scientifiques tirent la sonnette d'alarme c'est que d'après eux, ce phénomène est avant tout lié à l'exposition des enfants, mais aussi des parents, à des facteurs environnementaux néfastes. Parmi eux, certains aliments (les sucres notamment), et surtout, les fameux perturbateurs endocriniens. Ceux présents dans de nombreux produits de consommation courante (emballages, cosmétiques...), mais aussi dans les pesticides.
A ce titre, les enfants de parents agriculteurs, exposés de manière chronique aux produits phytosanitaires, pourraient être particulièrement concernés. Le professeur Sultan relate le cas d'une petite fille de 4 mois qui présentait des « seins de la taille d'une orange ». Des traces de pesticides ont été retrouvés dans l'organisme du père, de la mère et du bébé.
Première publication le :25 février 2015