L’avenir des prothèses réside peut-être du côté de cette « main bionique ». Une équipe autrichienne vient de publier dans le prestigieux Lancet une étude exposant les résultats d’opérations menées entre 2011 et 2014 sur trois patients qui sont devenus les premiers au monde à subir une « reconstruction bionique ».
Ces trois patients souffraient de blessures au plexus brachial, un réseau de nerfs situé au niveau du cou qui commande le mouvement des membres supérieurs et qui, une fois endommagé, paralyse de manière permanente le fonctionnement de la main.
Les chercheurs autrichiens précisent que, jusqu’à présent, « les reconstructions chirurgicales ne donnent pas de bons résultats ». Ils ont donc présenté une nouvelle technique qui combine « la sélection de nerfs, le transfert de muscles, une amputation volontaire et la mise en place d’une prothèse robotique contrôlée par l’esprit ». Tout cela pour regagner le fonctionnement de la main. Explications.
Un entraînement cognitif intensif de 9 mois
L'avancée majeure de l'équipe viennoise est d'avoir réussi à recréer une transmission complète de signal neurologique jusqu'à la main bionique. Cette dernière est équipée de capteurs qui répondent aux impulsions électriques fournies par les muscles. Pour ce faire, les chercheurs ont greffé dans les avant-bras des patients des muscles prélevés à l'intérieur de leurs cuisses, puis greffé des nerfs provenant d'une autre zone de la moelle épinière que le plexus brachial.
Les trois patients ont également dû subir un entraînement cognitif intensif, pendant environ 9 mois. Cet entraînement avait pour objectif d’activer les muscles greffés et les signaux électromyographiques qui permettraient de contrôler la prothèse par la suite. Une main « hybride » – une prothèse de main attachée à leur main non-fonctionnelle – a ensuite été mise en place afin que les personnes apprennent à la contrôler. Ils ont ensuite été amputés de leur main, et la prothèse robotique a été mise en place.
3 mois après l’amputation, les trois hommes pouvaient utiliser leur nouvelle main pour effectuer des tâches du quotidien (voir vidéo) telles que ramasser des objets, des pièces de monnaie, ou porter des objets lourds mais aussi utiliser une clé, verser de l’eau depuis un pichet, couper de la nourriture, défaire leurs boutons...
Aussi efficace qu'une greffe, mais moins risquée
Cette prothèse bionique est donc aussi efficace qu’une greffe, mais en moins risquée. Une greffe nécessite la prise de médicaments immuno-suppresseurs très puissants, et aboutit parfois à la nécessité de ré-amputer le malade.
« Jusqu’à présent, la reconstruction bionique n’a été pratiquée que dans notre centre de Vienne. Néanmoins, il n’y a pas de limitations techniques ou chirurgicales qui empêcheraient la procédure de se faire dans des centres avec des ressources et une expertise similaire », a déclaré le Pr Oskar Aszmann, directeur du Laboratoire Christian Doppler pour la restauration du fonctionnement des extrémités à l’université médicale de Vienne, qui a développé cette technique.
« A l’avenir, nous allons voir apparaître de nouvelles approches de reconstruction du pied ou de la main : les découvertes biologiques aussi bien que techniques peuvent apporter des traitement qui étaient impensables il y a encore quelques années ».