Les émulsifiants alimentaires utilisés par l'industrie agroalimentaire pour leur pouvoir de conservation ne seraient pas sans danger pour les consommateurs.
Un microbiote intestinal modifié
Dans une étude publiée dans la revue Nature, des chercheurs de l'Université de Géorgie (Etats-Unis) ont étudié comment les émulsifiants jouent un rôle néfaste sur l'intestin.
Pour mener cette expérience, les scientifiques ont nourri des souris avec 15 émulsifiants parmi les plus courants sur le marché (polysorbate 80, carmellose...) à des doses comparables à la consommation d'un homme.
L'équipe a alors constaté que l'émulsifiant changeait le microbiote intestinal des souris. Par la suite, les animaux sont devenus obèses et ont développé des problèmes métaboliques, tels que l'intolérance au glucose.
Pire encore, sur les souris souffrant d'inflammation intestinale, les émulsifiants ont augmenté la fréquence des crises et la gravité de la maladie.
Pour expliquer ces résultats, l'équipe pointe du doigt la modification des bactéries de la flore intestinale qui ont commencé à digérer la couche de mucus qui protège les intestins, au lieu de digérer les aliments.
En réaction à ces résultats, le principal auteur de l'étude, Benoit Chassaing, explique que « l’augmentation spectaculaire du nombre de patients obèses ou avec des pathologies intestinales au cours des 50 dernières années a eu lieu malgré une génétique humaine cohérente, ce qui suggère un lien avec un facteur environnemental comme l’alimentation. C’est pour cette raison que nous nous sommes intéressés aux additifs modernes ».
Des résultats à vérifier sur l'homme
Enfin, en analysant les bactéries du côlon des rongeurs atteints de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, comme celle de Crohn, les chercheurs ont découvert que la flore intestinale était non seulement moins variée que chez des spécimens sains, mais surtout que les microbes s'étaient rapprochés des cellules intestinales. « Or c'est cela qui cause une inflammation et peut évoluer vers une maladie grave », s'inquiètent-ils. Pour eux, ces résultats inquiétants doivent être confirmés chez l'être humain. Ces études sont prévues pour bientôt, annoncent-ils.