L’image d’un fumeur de chicha est apaisante, et dans le concert de diabolisation du tabac, elle semble un recours chic et peut-être plus sain que la cigarette. Rappelons son principe : un morceau de tabac est placé en haut d’un bel appareil en cuivre, qu’un long tuyau relie à la bouche du fumeur. Pendant son trajet, la fumée est refroidie dans un réservoir d’eau. C’est la fraîcheur et l’odeur parfumée, généralement aux fruits, qui donne à la Chicha cette réputation de toxicité moindre.
Or il n’en est rien. C’est même le contraire. Une bouffée de chicha représente le même danger qu’une cigarette. Lorsque l’on sait qu’en une heure, un fumeur aspire en moyenne 40 fois, c’est donc l’équivalent de 2 paquets de cigarettes qui vont dans les poumons. Et les fumeurs passifs ne sont pas épargnés : passer une heure à côté d’un fumeur dans un bar à Chicha, revient à consommer six cigarettes.
Deux raisons à une telle dangerosité : d’abord la puissance de l’inhalation. Un litre de fumée à chaque inspiration, l’équivalant d’une cigarette entière. Ensuite, la taille des particules d’un tabac composé d’un quart de tabac pour trois quart de mélasse, qui en se consumant, donne naissance à des particules aussi petites que celles produites par le diesel et qui vont droit au fond des poumons.
Un quart de tabac et le passage dans l’eau, c’est seize fois moins de nicotine, donc moins de dépendance certes, mais beaucoup, beaucoup plus de cancer et de maladies de cœur.
Pourtant la percée de la chicha en France est impressionnante. En deux ans, chez les Parisiens, 53% des moins de 16 ans et 75% des moins de 19 ans l’ont essayée au moins une fois. Trente % la fument réguliérement dont 7% d'étudiants.