Dormir trop peut augmenter le risque d’AVC. Selon une étude parue dans Neurology ce 25 février, il existe un lien entre les longues nuits (8 heures et plus) et la fréquence de ces événements. C’est le résultat du suivi de personnes qui n’avaient jamais fait d’AVC pendant 10 ans.
Un « long sommeil » relatif
Les chercheurs ont recruté 9 600 personnes (42-81 ans) en bonne santé. Des questionnaires au début de l’étude, puis quatre ans après, ont permis de déterminer leurs habitudes de sommeil. Entre 1998 et 2004, 346 participants ont fait un AVC. Selon les résultats, les « gros dormeurs » étaient 46 % plus à risque que ceux qui faisaient des nuits moyennes (6-8 heures).
Mais selon le Dr Sylvie Royant-Parola, spécialiste du sommeil, les conclusions de cette étude sont à prendre avec précaution. « Le problème de ces études, qui se basent sur du déclaratif, c’est qu’il y a des gens qui dorment trop parce qu’ils ont une hypersomnie ou une apnée du sommeil, mais qu’ils ne le savent pas. Or, ces maladies ont des répercutions sur la santé », explique le médecin à pourquoidocteur. « Ensuite, jusqu’à 8 heures et demie, même 9 heures, on ne va pas parler de gros dormeur. C’est très relatif. » L’association existe toutefois, même si les chercheurs ne parviennent pas à l’expliquer.
Ecoutez le Dr Sylvie Royant-Parola, médecin du sommeil : « Ils font l’hypothèse du contexte d’une maladie potentielle pas encore déclarée, mais c’est complètement putatif. »
Le signe d’une maladie sous-jacente ?
Une durée de sommeil trop courte ou trop longue a déjà été associée à un risque de mortalité précoce. Diverses études ont également montré que le temps de sommeil influence le risque d’hypertension, de troubles cardiovasculaires ou métaboliques, mais aussi d’obésité. Si les effets d'une dette de sommeil sur l'organisme sont de mieux en mieux connus, les experts peinent à expliquer le lien entre sommeil trop long et risque cardiovasculaire.
Ecoutez le Dr Sylvie Royant-Parola, médecin du sommeil : « Derrière le dormir peu, il y a des gens qui ont une pathologie associée, et on sait qu’il y a une augmentation du stress de l’organisme. »
Les auteurs de l’étude font état d’un résultat autrement plus inquiétant. Les participants dont les habitudes de sommeil ont changé au cours de l’étude voient leur risque évoluer. Ainsi, les petits dormeurs qui sont devenus gros dormeurs sont quatre fois plus à risque d’AVC que ceux dont la durée de sommeil est restée stable. Ce changement pourrait en fait être le témoin d’une dégradation de l’état de santé.
Ecoutez le Dr Sylvie Royant-Parola, médecin du sommeil : « Quelqu’un qui se met à dormir beaucoup est probablement quelqu'un qui a une pathologie que se surajoute ou une pathologie du sommeil intrinsèque. »
En dépit des faiblesses de l’étude, le Dr Royant-Parola estime qu’elle véhicule un message fort : toute modification des habitudes de sommeil doit être prise au sérieux. « On voit au travers de cette recherche, que le but n’est pas de dormir longtemps et beaucoup, c’est de dormir bien », martèle-t-elle.
« La quantité de sommeil dont on a besoin peut varier d’un individu à l’autre. Mais dès lorsqu’on a besoin d’avoir beaucoup de sommeil, cela peut être un indicateur d’une altération de la santé. »