Attention, nourriture hautement addictive. Les aliments transformés, gras et sucrés tels que les pizzas, le chocolat, les chips et les gâteaux peuvent créer une forte dépendance, selon une étude parue dans la revue PLOS One.
Manger jusqu’à s’en rendre malade
Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs de l’École de médecine du Mount Sinaï Hospital ont réuni 504 personnes à qui ils ont demandé d’identifier les aliments qui leur posaient le plus de problèmes. Pour définir le degré de « problème » posé par un aliment, les participants utilisaient l’échelle d’addiction alimentaire de Yale. Ils devaient ainsi préciser s’ils se reconnaissaient dans des propositions telles que « je mange jusqu’à m’en rendre malade » ou « le fait de trop manger me donne très souvent le sentiment d’être apathique ou épuisé ». Puis, les chercheurs ont classé les aliments selon le comportement addictif qu’ils engendrent.
Selon leurs conclusions, les aliments les plus addictifs sont les produits industriels, riches en sucres et graisses saturées. La pizza, le chocolat et les frites sont ainsi les drogues les plus dures. A l’inverse, des aliments comme le riz complet ou le saumon n’ont pas pu être associés à des phénomènes de dépendance.
« Plusieurs études suggèrent que les aliments très savoureux et hautement transformés sont à l’origine de comportements et de modifications du cerveau qui s’apparentent aux addictions, au même titre que les drogues et l’alcool », indique Nicole Avena, qui a mené les travaux.
Au même titre que l’alcool et les drogues?
De précédentes études sur des animaux avaient déjà démontré que des aliments très transformés ou auxquels on ajoute des graisses et des glucides raffinés, comme dans le pain blanc et le sucre, peuvent susciter des comportements d’addiction.
Chez les humains, le concept d’addiction aux aliments fait débat parmi la communauté scientifique. En juin 2013, une étude du Boston Children’s Hospital publiée dans l’American Journal of Clinical Nutrition explique pourquoi certains aliments déclenchent un comportement d’addiction. Il y est démontré que les aliments à l’index glycémique élevé stimulent le « noyau accumbens » - la zone de plaisir du cerveau. L’activité relevée est similaire à celle déclenchée par la nicotine ou encore l’héroïne.
Mais, en réalité, l’ « addiction alimentaire » n’existerait pas. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) ne reconnaît aucune dépendance alimentaire, à contre-courant de nombreux spécialistes. Pour Nicole Avena, cette étude pourrait permettre « peut-être de modifier notre façon d’envisager le traitement contre l’obésité. Au lieu de dire au patient d’éviter certains types d’aliments, on pourra adopter des méthodes utilisées dans la lutte contre le tabagisme, l’alcoolisme et la toxicomanie ».