« Vous avez un nouvel email ». Aujourd’hui, les relations professionnelles se basent en partie sur des échanges par courrier électronique. Le problème, c’est qu’on peut en envoyer ou en recevoir à tout moment, y compris en dehors des heures de bureau. Des chercheurs américains de l’université d’Arington (Texas) ont analysé l’impact des emails reçus le week-end ou en soirée sur le bien-être psychologique des employés. Et d’après leurs résultats publiés dans Academy of Management Journal, les personnes qui reçoivent fréquemment des emails professionnels pendant leur temps libre deviennent irascibles, ce qui peut interférer avec leur vie personnelle.
« Intégrateurs » et « séquenceurs »
Les auteurs de l’étude ont observé le comportement et les réactions de 321 employés pendant une semaine, y compris le soir et le week-end. Au cours de l’expérience, les chercheurs ont remarqué que les salariés se divisaient en deux catégories : les « intégrateurs » et les « séquenceurs ».
Les « intégrateurs » désignent les personnes importunées par le fait de recevoir un email quand elles ne travaillent pas mais qui y répondent tout de même, par conscience professionnelle. En revanche, les « séquenceurs » sont fermement décidés à séparer leur vie professionnelle de leur vie privée. Chez ces derniers, l’effet négatif des emails sur leur bien-être est plus important que pour la première catégorie.
Ne pas envoyer l‘email n’importe quand
Au final, l’objectif de cette étude est d’apprendre aux dirigeants comment bien gérer les méthodes de communication via internet, sans interférer avec le bien-être de leurs employés et du même coup sans endommager les relations professionnelles qu’ils entretiennent avec eux.
A ce titre, l’auteur principal de l’étude Marc Butts, professeur à Arington émet plusieurs recommandations : inclure une formation dans l’entreprise pour apprendre ce qu’il faut dire- ou ne pas dire- dans un courriel, fixer des limites afin de ne pas envoyer l’email à n’importe quel moment et privilégier les discussions en face à face. « La clé, c’est de développer son propre rythme de communication approprié au département de l’entreprise dans laquelle on travaille », souligne le Pr Butts.
Bloquer l’accès à internet au sein des entreprises
Aux Etats-Unis, de nombreuses entreprises ont adopté la méthode de la déconnexion. C’est le cas de Boston Consulting Group, un cabinet international de conseil en management et en stratégie d’entreprise qui oblige par exemple tous ses employés à se déconnecter de leurs boîtes emails un soir par semaine. Et l’expérience s’est révélée concluante puisque les employés déconnectés sont plus épanouis dans leur travail, plus efficaces et restent plus longtemps dans l’entreprise.
En Allemagne, l’entreprise Volkswagen a elle aussi beaucoup fait parler d’elle début 2012 quand ses dirigeants, poussés par les syndicats, ont décidé de couper l’accès aux téléphones portables professionnels tous les soirs à partir de 18h et jusqu’au lendemain à 7h. Ces pratiques sont moins courantes en France. Cependant, certaines sociétés qui observent un nombre important de dépression chez leurs employés ont du recourir à ces techniques. C’est par exemple ce qu’il s’est passé pour France Telecom, qui après le suicide de 35 de ses employés en 2008 et en 2009, a signé un accord avec les syndicats en 2010 stipulant qu’« il n’y a pas d’obligation de répondre à la messagerie professionnelle les soirs, les week-ends ainsi que pendant les congés ».