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Coupe-faim : les amphétamines font leur retour

Par Stéphany Gardier

Les autorités sanitaires ont-elles la mémoire si courte, pour permettre le retour sur le marché des coupe-faim ? Ces médicaments qui ont marqué les mémoires dans les années 1980-90 pour leurs effets désastreux sur la santé, notamment le tristement célèbre Isoméride des laboratoires Servier, sont pourtant à nouveau disponibles aux Etats-Unis. Enfin une molécule, autorisée par la FDA, depuis le mois dernier.

 

Libération rapporte ce matin le récit du New-York Times sur l'épopée de ce médicament, commercialisé par le laboratoire Shire sous le nom de Vyvanse. C'est que le fabricant a soigné la communication autour de son produit, et s'est trouvé une ambassadrice de choix.

C'est en effet Monica Seles, la joueuse de tennis star des années 1990, qui fait le tour des plateaux de talk-show américains pour raconter comment la pilule miracle de Shire lui a sauvé la vie.

 

C'est en larmes, raconte Libération, que l'ancienne sportive a raconté à de multiples reprises ses déboires face caméra ; elle a honte, mais oui, elle l'avoue : Monica Seles souffrait de binge eating disorder ou BED. Un « trouble d'excès de gloutonnerie », aussi traduit en français par hyperphagie compulsive.

Le terme américain fait référence au binge drinking, mode de consommation d'alcool très populaire parmi les plus jeunes, qui vise à boire le plus possible très rapidement, pour atteindre l'ivresse en un temps record. Pour le BED, il s'agit bien entendu d'avaler de grosses quantités de nourriture.

 

Ce trouble du comportement alimentaire, qui diffère de la boulimie, a fait son apparition officielle l'an passé dans le DSM-5, la cinquième version du manuel de diagnostic des troubles mentaux si décrié. Ses détracteurs dénoncent notamment une volonté de « psychiatriser tous les comportements humains », rappelle Libération.

Le quotidien relève que c'est justement à ce moment-là que Shire aurait demandé à étendre les indications de sa molécule au traitement du BED. Ce qui pourrait rapporter entre 200 et 300 millions de dollars par an, selon les estimations du laboratoire.

 

La prise en charge des troubles du comportement alimentaire a encore de grands progrès à faire, et de nombreuses personnes sont aujourd'hui en souffrance. Un marché énorme d'acheteurs potentiels prêts à prendre des risques pour sortir du cercle vicieux de l'hyperphagie. Mais si les bénéfices sur le court terme peuvent séduire, le prix à payer à long terme ne fait, lui, aucun doute.

« Nous ne cachons pas les risques potentiels, précise la société. Et c’est pourquoi nous insistons sur l’importance d’une prescription bien dans les normes », a déclaré dans les colonnes du New-York Times le fabricant du Vyvanse. C'est ce même laboratoire, rappelle Libération, qui, en 2011, tentait de vendre des pilules pour prévenir les accidents de voiture, les divorces, et le chômage...

 

  Première publication le : 03 mars 2015