Les adolescents ont de plus en plus le nez collé à leur écran. Si cette situation a été constatée « depuis une dizaine d’années déjà », le réseau Morphée – consacré à la prise en charge des troubles du sommeil - parle d’un nouveau comportement. Car l’écran de télévision des parents a été très largement abandonné par les adolescents au profit des écrans des smartphones, tablettes et autres ordinateurs.
Dans une grande enquête publiée lundi*, le Réseau Morphée dévoile que 33,5% des jeunes passent plus d'une heure sur leur écran après le dîner. Près de 14,7% d'entre eux y passent même plus de 2 heures.
Mais l'étude montre que la consommation d'écran ne s'arrête pas avec le coucher : 15% des adolescents envoient des SMS et 11% se connectent aux réseaux sociaux en pleine nuit! Encore plus surprenant, 6,1% se réveillent pour jouer sur Internet.
Une activité programmée dès le coucher
« Le plus troublant est de constater que cette activité peut être programmée dès le coucher, pour un rendez-vous à l’insu des parents », analyse le docteur Sylvie Royant-Parola, présidente du Réseau Morphée. Ainsi, 21,6% des adolescents organisent dès le coucher les activités connectées, 10,6% programment même un réveil en cours de nuit. Enfin, 73,9% profitent d’un éveil spontané pour s'adonner à ces activités.
10,6% des adolescents programment un réveil en cours de nuit - Réseau Morphée
« Cette vie sociale, affective, ludique qui est en train de s’installer la nuit chez nos ados altère considérablement la physiologie du sommeil et entraine des conséquences majeures sur la qualité de la journée suivante », insiste le docteur Royant-Parola.
Ainsi 30% des adolescents interrogés expliquent que « se lever le matin est extrêmement difficile », quand 23% « luttent contre l’envie de dormir ou s’endorment en cours ». « C’est énorme ! », commente le docteur Royant-Parola selon qui, « apprendre à respecter son sommeil pour être en forme le lendemain est une des clés de la réussite scolaire ! »
Un manque de sommeil qui peut mener vers l'alcoolisme
Les écrans des smartphones, tablettes ou ordinateurs émettent une lumière bleue qui retarde l’envoi des signaux de l’endormissement, décale le rythme circadien et écourte la durée du sommeil.
Des travaux publiés dans la revue Alcoholism: Clinical and Experimental Research ont montré également que ne pas avoir une bonne qualité de sommeil altérerait la qualité de jugement des adolescents et les rendrait moins enclins à prendre de bonnes décisions. D’où l'existence de comportements à risque liés à la consommation d’alcool, à la prise de drogue ou encore à la sexualité.
*Etude réalisée au cours de l'année scolaire 2013-2014, sous la forme d'un questionnaire en ligne anonyme, auprès de 4 collèges de région parisienne. Echantillon représentatif de 776 jeunes allant de la 6e à la 3e, composé de 408 filles et 368 garçons.