Un calmant avant l’opération n’améliore pas le vécu du patient. A l’inverse, la sédation a tendance à allonger le temps de récupération post-opératoire. C’est le résultat de travaux menés dans cinq hôpitaux français (Marseille, Montpellier, Nîmes, Nice), dont les conclusions sont parues dans le JAMA.
Le vécu est le même
1 062 patients dont l’opération était programmée ont pris part à cet essai clinique. Ils ont été répartis en trois groupes. Les uns ont reçu 2,5 mg du sédatif lorazépam, d’autres, un placebo. Le troisième groupe a été informé qu’aucune sédation ne serait administrée avant l’anesthésie générale. Après l’opération, la qualité de l'expérience a été évaluée sur une échelle de 0 à 100. Elle tient compte du temps de récupération, de la douleur ressentie et du soin apporté par les professionnels de santé.
L’administration de lorazépam n’améliore pas le vécu du patient. Le score moyen dans ce groupe est de 72, contre 71 dans le groupe placebo et 73 dans le groupe sans prémédication. Chez les patients les plus anxieux, aucune différence n’émerge non plus. Les auteurs suggèrent d’ailleurs une prise en charge de l’anxiété le jour précédant l’intervention, pour plus de bénéfices.
Plus de temps pour récupérer
C’est sur le plan médical que des différences émergent entre les participants sous sédation et les autres. Mais ces écarts semblent plaider contre la prémédication. En effet, elle allonge de 5 minutes le temps entre la fin de l’anesthésie et l’extubation. Le temps nécessaire au patient pour retrouver ses fonctions cognitives est également allongé.
« Comparé au placebo, le lorazépam réduit l’anxiété du patient avant d’entrer au bloc opératoire. Mais dans la mesure où le traitement pré-opératoire de l’anxiété n’a pas de bénéfice, il est possible que l’anxiété survenant à l’arrivée au bloc n’influence pas la satisfaction du patient », avancent les auteurs de l’étude. « Les résultats suggèrent qu’un usage en routine du lorazépam en prémédication sédative des patients sous anesthésie générale ne comporte pas assez de bénéfice. » Cette étude est d’autant plus importante que les autorités de santé incitent à réduire la consommation de benzodiazépines.