On découvre de plus en plus de nodules au niveau de la thyroïde. Notamment des tout petits, de manière accidentelle, grâce aux progrès de l’imagerie. Et même si plus de 90% des nodules détectés sont bénins, ces découvertes peuvent être stressantes pour les patients, qui craignent de développer un jour un cancer de la thyroïde.
Etude rassurante
Mais des chercheurs italiens publient mardi une étude rassurante dans le Journal of the American Medical Association (JAMA). Elle montre que la plupart des nodules bénins ne grossissent pas de manière significative à l’horizon de cinq ans. Le développement du cancer de la thyroïde est également rare. Les chercheurs plaident donc pour une évolution des recommandations du suivi des nodules bénins thyroïdiens.
Sebastiano Filetti, de l’université de Rome et ses collègues, ont suivi pendant cinq ans 992 patients chez lesquels avaient été détectés un à quatre nodules et ne présentant pas de symptôme. Leurs nodules étaient considérés comme bénins après un examen par échographie et une analyse de cellules prélevées avec une aiguille fine (cytoponction). Il ne s’agissait pas uniquement de nodules de petite taille.
0,3% de cancers
Après cinq années, seuls 11% des nodules ont grossi. Cette croissance, qui concernait 15% des patients, était associée à la présence de multiples nodules. Chez 18% des patients, les les nodules ont aussi rétréci de manière spontanée durant le suivi. Ainsi, dans le reste des cas, qui constitue la majorité, les nodules ne changeaient pas de taille. Par ailleurs, le développement de cancer de la thyroïde a été rare. Seuls cinq nodules détectés au début de l’étude ont évolué de la sorte (soit 0,3%), et parmi eux, seuls deux avaient grossi.
Au vu de ces observations, les chercheurs estiment que les recommandations de l’American Thyroid Association pour le suivi des nodules bénins devraient être révisées. Actuellement, un examen répété par échographie et une cytoponction sont préconisés en cas d’apparence suspecte et/ou en cas de croissance importante.
Evolution des recommandations
Dans un éditorial accompagnant l’article, Anne Cappola et Susan Mandel, de l’université de Pennsylvanie à Philadelphie, se disent aussi favorables à une évolution des recommandations. Pour ces spécialistes, il ne devrait plus y avoir de cytoponction après échographie quand les nodules grossissent beaucoup, mais uniquement en cas d’apparence suspecte.
En France, le surdiagnostic de nodules de la thyroïde conduit à des traitements inutiles. Ainsi, une ablation sur cinq de nodules de la thyroïde serait inutile car il s’agit de nodules bénins ne nécessitant qu’une surveillance, selon un rapport de l’Assurance maladie rendu public fin 2013. Ces opérations peuvent entraîner des complications rares. Par exemple, elles peuvent toucher les cordes vocales et troubler la voix. Il est donc inopportun de faire courir ce risque aux patients qui n’en ont pas besoin. Fin 2013, l'UFC-Que Choisir avait demandé à l'Assurance maladie de sensibiliser les patients à ce problème de surtraitement via une campagne et à la Haute autorité de santé (HAS) d'élaborer des recommandations étayées et actualisées à destination des médecins.