La rougeole et la poliomyélite. Deux maladies qui n'ont rien en commun, si ce n'est qu'il existe pour chacune un vaccin. Des vaccins devenus des problèmes majeurs pour les autorités sanitaires de plusieurs pays de par le monde.
L'Allemagne fait ainsi face à une résurgence sans précédent de la rougeole, pourtant éradiquée depuis plusieurs années. Presque 600 cas ont été recensés au cours des dernières semaines et surtout un enfant est mort la semaine passée, rappelle la correspondante à Berlin de Libération.
La couverture vaccinale dans la capitale allemande n'est que de 60%. Il faut qu'elle atteigne 95% pour permettre une éradication complète de la maladie, rappelle le quotidien. Selon un sondage réalisé par les caisses d’assurance maladie du pays, six Allemands sur dix considèrent que la rougeole « n’est pas une maladie grave »…
C’est parmi les classes moyennes « bobo-bio » selon Libération que l’on trouve le plus d’opposants à la vaccination. Leur argument principal : une publication scientifique parue en 1998 et qui associait le vaccin contre la rougeole à un risque d’autisme et de diabète.
Un article démenti et retiré depuis, mais qui alimente également la cause des anti-vaccins outre-Atlantique ; les Etats-Unis font eux aussi face à une flambée de rougeole depuis plusieurs mois.
Mais les anti-vaccins sévissent aussi loin des quartiers bobo des capitales occidentales. Au Pakistan, certains opposants au vaccin contre la poliomyélite se sont radicalisés et plusieurs humanitaires ont été assassinés. Mais même face à la majorité d’entre eux, qui reste pacifique, le gouvernement a décidé de frapper fort. Près de 500 parents ayant refusé de faire vacciner leurs enfants ont été emprisonnés cette semaine. Ils ne seront libérés qu’une fois les enfants vaccinés.
Une mesure radicale mais qui reflète l’inquiétude et le ras-le-bol des autorités face à des groupes minoritaires qui mettent en péril la santé nationale. En Allemagne, des membres de la coalition CDU-SPD souhaiteraient voir la vaccination contre la rougeole devenir obligatoire, et aux Etats-Unis de nombreux politiciens de tous bords se sont exprimés en faveur de la suppression des « exemptions philosophiques » qui permettent aux parents de refuser la vaccination.
La France, où le vaccin ROR (rougeole, oreillons, rubéole) est « recommandé », est elle aussi en plein questionnement sur la vaccination. La députée PS, Sandrine Hurel, vient tout juste de se voir confier une mission sur le sujet.
Selon les autorités de santé la couverture vaccinale tend à diminuer en France. Une situation qui pourrait, en partie, être due à la complexité de notre calendrier vaccinal où se mêlent vaccins obligatoires et recommandés. D'ici six mois, Sandrine Hurel devrait, selon le ministère de la Santé, « faire des propositions concrètes pour améliorer le taux d'adhésion des Français et des professionnels de santé à la vaccination ».