Ces petites bêtes peuvent faire peur, mais elles sont très utiles. 45 000 espèces d’araignées cohabitent avec nous sur Terre. Celles qui tuent leur proie avec du venin détiennent peut-être la clé de la prochaine génération d’antalgiques. Une étude parue dans le British Journal of Pharmacology identifie sept composés prometteurs.
La douleur est ressentie lorsque les nerfs de la zone affectée envoient un signal au cerveau. C’est ce qu’on appelle le circuit de la douleur. Chez certaines personnes, une partie de ce circuit est altérée. « Des recherches précédentes ont démontré qu'une mutation génétique qui affecte les canaux Nav1.7 [présents sur la membrane cellulaire] rend insensible à la douleur », explique dans un communiqué le Pr Glenn King, auteur de l’étude. « Bloquer ces canaux pourrait potentiellement désactiver la douleur chez les personnes dont les circuits de la douleur sont normaux. »
Un composé stable et puissant
Parmi les 206 venins analysés par l’équipe de l’université du Queensland (Australie), 82 contenaient un produit agissant sur les canaux Nav1.7. Les chercheurs ont identifié précisément sept composés dont un les intéresse particulièrement. Plus puissant que les autres, il est aussi extrêmement stable à la chaleur, aux attaques chimiques et biologiques. Le candidat idéal pour devenir un médicament.
Si l’équipe australienne se montre enthousiaste, c’est aussi parce que les venins sont au cœur de la recherche de nouveaux médicaments. « Selon les estimations, il y a 9 millions de peptides provenant du venin d’araignée, et seul 0,01 % de cet horizon pharmacologique a été exploré jusqu’ici », souligne le Dr Julie Klaae Klint, qui a participé aux recherches. « Exploiter cette source naturelle de nouveaux traitements apporte un réel espoir d’accélérer le développement d’une nouvelle classe d’antalgiques. » Un défi très attendu : 1 personne sur 5 souffre de douleurs chroniques dans le monde.