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Etude

Cannabis : des allergies parfois graves

Par Suzanne Tellier

Conjonctivite, crise d'asthme, éternuements... Des chercheurs ont recensé les différents symptômes des allergies au cannabis, un phénomène peu connu et pourtant assez répandu. Et qui ne touche pas que les consommateurs de marijuana.

WHITEWOLF/SIPA
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Certains ne digèrent pas le lait ; d’autres risquent la mort en avalant une cacahuète. Face aux allergies, la nature est injuste et parfois cruelle. La preuve : elle priverait des milliers de personnes de consommer du cannabis.

Un mal pour un bien ? En tout cas, comme toutes les plantes à pollen, le chanvre, dont est issue l’herbe des fumeurs, peut générer de fortes allergies. Le très sérieux Collège Américain de l’Allergie, de l’Asthme et de l’Immunologie, s’est penché sur ce phénomène trop peu connu. Les chercheurs ont rassemblé toutes les données scientifiques disponibles afin de mieux documenter cette mystérieuse réaction à la marijuana.

Rhume des foins, conjonctivite, démangeaisons…
L’étude, publiée dans la revue Annals of Allergy, Asthma and Immunology, recense ainsi les différents symptômes liés à une exposition au cannabis ayant provoqué une allergie, une hypersensibilité, parfois même un choc anaphylactique (allergie sévère potentiellement mortelle). Parmi les symptômes respiratoires, la rhinite allergique (type rhume des foins) figure parmi les cas les plus courants, avec l’asthme allergique.

En avril 2014, des chercheurs belges avaient déjà identifié d’autres symptômes d’allergies, notamment épidermiques, avec l’apparition de plaques rouges urticantes sur le corps et autour de la bouche. Certains patients ont également fait état de yeux qui piquent, de conjonctivites et d’œdème palpébral (paupières gonflées), ainsi que d’inflammation de la muqueuse nasale et de crise d’éternuements. Selon les auteurs de l’étude, les symptômes respiratoires touchent jusqu’à 1 % des fumeurs de cannabis, soit 40 000 personnes en France.

Fumé ou respiré
Les premières victimes de ces allergies sont bien entendu les consommateurs qui fument le cannabis ou l’ingèrent sous forme alimentaire (gâteau, tisanes…). Selon les chercheurs, la présence d’un élément allergène dans la poudre de pollen pourrait être responsable de ces réactions allergiques. Mais en réalité, le cannabis contient de nombreuses molécules, qui ont toutes un potentiel allergène, notamment le THC (tétrahydrocannabinol).

Par ailleurs, de parfaits « innocents », qui n’ont jamais touché un joint de leur existence, encourent également ces risques d’allergies. A la manière des bouleaux qui diffusent leur pollen, les champs de chanvre agricole sont responsables du transport aérien d’éléments allergènes. En France, en effet, la culture de cette plante non psychotrope est légale et donne lieu à de nombreux produits de consommation courante, de l’alimentaire au textile.

L’été dernier, les comptes polliniques du Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA) révélaient ainsi la présence de pollen de cannabis de fin juillet à la mi-août, principalement à Aix-en Provence, Grenoble, Bourgoin, Macon, Roussillon et Strasbourg ainsi qu’en octobre à Ajaccio.

En l’absence de traitement spécifique, et vu le peu de recherches scientifiques sur le sujet, les chercheurs estiment que les solutions pour éviter l’allergie au cannabis sont assez limitées. Elles consistent principalement à renoncer à la fumette et à vivre loin des champs de chanvre.