La lutte s’organise contre le paquet neutre. La Confédération des buralistes a envoyé ce 4 mars un « kit de combat » à ses membres. Il se compose d’une affiche géante, 250 tracts et un maxi-paquet neutre de 30 centimètres. Mais surtout, un slogan : « ça, c’est de l’humiliation. » Avec cette action, les buralistes veulent protester contre une mesure qu’ils jugent humiliante pour les consommateurs et les vendeurs de cigarettes.
L'appel aux consommateurs
Les buralistes ne veulent pas du paquet neutre et veulent le faire comprendre à la ministre de la Santé. En plus des kits de combat distribués aux buralistes, la Confédération demande aux consommateurs qui veulent protester de se prendre en photo avec le maxi-paquet neutre et de poster ce selfie sur les réseaux sociaux. Une opération #nonaupaquetneutre pas très suivie pour le moment.
Parmi les autres arguments des buralistes, l’efficacité limitée du paquet neutre. Sans logo, il affichera désormais une photographie illustrant les méfaits du tabac (cancer de la gorge, gangrène, dents gâtées…) et un avertissement. Mais ce nouveau conditionnement ne convainc pas les Français : un sondage réalisé en juin 2014 a révélé que 73 % des sondés jugent le paquet neutre inutile. Les images choc semblent aussi inefficaces : une minorité des jeunes fumeurs se souviennent des photographies et des messages, selon une étude parue dans Tobacco Control.
Une littérature scientifique unanime
Mais dans l’ensemble, la littérature scientifique semble pencher en faveur d’un emballage standardisé, confirmant l’initiative de l’Australie, du Royaume-Uni et de l’Irlande. L’exemple australien a démontré que le paquet neutre réduit le tabagisme grâce à un effet marketing. Les cigarettes, issues de paquets couverts à 80 % de photos choc et d’avertissements, semblent moins plaisantes et de moins bonne qualité.
Une méta-analyse plus récente, parue dans la prestigieuse revue Addiction, conclut que le paquet neutre sauve des vies. Ce conditionnement réduirait le désir de fumer, l’absence de nom de marque ou de logo reporte l’attention vers l’affichage sanitaire. Autre résultat, plus inattendu : l’emballage disgracieux pousse les fumeurs à cacher le paquet dans leur sac ou dans leur poche… et réduit logiquement le nombre de cigarettes fumées.