Le mois de mars est traditionnellement bleu en France ; « Mars bleu » est en effet la campagne annuelle de mobilisation contre le cancer colorectal, le deuxième plus meurtrier en France, avec 17 500 décès par an.
Mais cette année, le mois de mars pourrait bien virer au rouge, selon une information du Figaro, qui révèle un imbroglio de taille entre les centres de dépistage et la Direction générale de la santé. Des milliers de résultats de tests auraient été détruits et plus grave, le dépistage serait au point mort pour plusieurs semaines.
Le cancer colorectal tue, mais pourtant dans 9 cas sur 10 il peut se guérir. A la condition qu’il ait été détecté tôt. D’où l’accent mis chaque année sur le dépistage. Pour les personnes à risque l’examen clé est la coloscopie, mais pour toutes les autres un test réalisé sur un prélèvement de selles suffit.
L’objectif de Mars Bleu est d’amener les 16 millions de Français âgés de 50 à 74 ans à faire ce dépistage tous les deux ans. Mais ceux qui auraient enfin décidé de sauter le pas devront s’armer de patience.
La campagne 2015 de Mars Bleu avait pourtant bien commencé avec l’annonce par le ministère de la Santé de la mise sur le marché d’un nouveau test, plus simple et plus fiable. Plus sensible aussi, il pourrait même permettre de détecter deux fois plus de cancers.
Mais ce test immunologique ne sera disponible qu’en mai, et Le Figaro nous apprend que l’ancien, Hemoccult II, est devenu obsolète… à cause d’une bourde administrative !
La Direction générale de la santé avait pourtant prévenu les agences régionales de santé (ARS) : « Pour assurer au mieux la période de transition entre les deux types de tests, il convient d'organiser l'arrêt de la distribution des tests au gaïac et d'informer les parties prenantes au programme que la lecture de ces derniers sera possible jusqu'au 31 janvier 2015. » Une information envoyée, selon Le Figaro, le 30 décembre aux ARS… Soit un mois seulement avant la date d'obsolescence programmée!
Puis à la fin janvier, la DGS a cette fois demandé explicitement que les tests envoyés après le 31 du mois soient détruits. Le Figaro s’est livré à une estimation selon laquelle quelques 11 000 tests auraient ainsi été mis à la poubelle. Un « gâchis sans précédent en santé publique » estime le quotidien.
On imagine le désarroi des acteurs de Mars Bleu, qui durant encore 20 jours vont devoir assurer toutes les manifestations prévues, tout en précisant aux personnes rencontrées que le dépistage du cancer colorectal n’est, pour les prochaines semaines, plus possible en France… Et pourtant il reste des dizaines de milliers de tests Hemoccult II disponibles qui auraient sans doute pu rendre encore bien des services.