Comme concilier le secret médical avec la sécurité d’un vol ? C’est à cette question et à bien d’autres que devront répondre les trois juges d’instruction chargés de l’enquête sur le crash de l'avion de la Germanwings.
Le 24 mars dernier, Andreas Lubitz, le co-pilote de 28 ans, s’enferme dans le cockpit et précipite volontairement l’A320 dans la montagne au-dessus de Seyne-les-Alpes (Alpes-de-Haute-Provence). Les hurlements des passagers, les tentatives du commandant de bord pour enfoncer la porte du cockpit, les onze appels des contrôleurs aériens n’y feront rien, la folie suicidaire d’ Andreas Lubitz cause la mort de 150 personnes.
« Très abattu », « en instabilité psychique », disent aujourd’hui les médecins que le pilote a vus dans les semaines qui ont précédé le drame. Psychiatres, généralistes, oto-rhino-laryngologistes et ophtalmologue, depuis le 22 février, il avait consulté à sept reprises. Il était même en arrêt maladie entre le 16 et le 22 mars 2015, rappellent vos quotidiens.
Au total, le jeune pilote allemand a vu 41 praticiens différents au cours des cinq dernières années. Un parcours médical qui se prolongeait par des recherches précises sur internet. Elles portaient sur le suicide, des médicaments anxiolytiques, mais également sur les méthodes de verrouillage du cockpit, ont confirmé les enquêteurs qui ont fait « parler » sa tablette informatique. « Il souffrait à l'évidence d'un mal-être profond et un des médecins consultés évoquait à son propos qu'il soupçonnait chez lui des symptômes de psychose menaçante », a expliqué le procureur de Marseille, Brice Robin.
Andreas Lubitz voulait devenir pilote sur des longs courriers, mais était persuadé que ses problèmes de vue l’en empêcheraient. II croyait voir des ombres et des flashs lumineux, mais ces défauts de vision supposés ne reposent sur aucun fondement médical, a ajouté le procureur.
Rien n’indique que la Lufthansa était au courant des problèmes de santé de son pilote. Ses médecins ont même confirmé qu’ils n’ont pas fait remonter les informations en vertu du secret médical. Alors même que certains reconnaissent aujourd'hui qu’il était « inapte à voler ».
Récemment, le patron de la compagnie aérienne, Carsten Spohr, a évoqué l’idée de mettre en place des « examens de contrôle impromptus pour les pilotes » et d'être alerté sur d'éventuelles « fragilités psychologiques ».