L’Europe semble avoir ses raisons, que la raison ignore ! Ce mercredi, le Parlement européen a en effet voté une mesure antipollution qui laisse pantois les défenseurs de l’environnement, et de la santé des citoyens européens. Alors que le scandale Volkswagen est encore bien présent dans les mémoires, l’Union a ainsi entériné de nouveaux tests d’émissions des gaz polluants, mais également revu les seuils antipollution… à la hausse. Des normes « laxistes » selon Ségolène Royal : « C’est comme donner un droit à polluer aux constructeurs automobiles », commente la ministre dans Le Parisien.
Tout avait pourtant bien commencé. Les stratagèmes mis en place par Volkswagen pour frauder sur les émissions polluantes de certains de ses véhicules avaient cet automne jeté un pavé dans la mare, et par là même jeté la suspicion sur les autres constructeurs. De mauvais indicateurs pour les citoyens-consommateurs qui – à juste titre – ont ainsi découvert que le monde de l’automobile n’avait guère d’égards pour leur santé. Pourtant, pas un mois ne passe sans que de nouveaux travaux scientifiques n’établissent des liens entre pollution et maladies, respiratoires mais pas que.
Après le constructeur allemand, c’est quelques semaines plus tard Renault qui s’est retrouvé sur le banc des accusés. Si les tests en laboratoire étaient bien valides, il s’est avéré qu’en conduite réelle, 5 modèles émettaient trop de « NOx » (oxydes d’azote), expliquent Les Echos. Et le pot aux roses a été découvert grâce ou à cause de la commission mise en place par Ségolène Royal elle-même en octobre 2015, suite au scandale Volkswagen. Objectif : tester en conditions réelles les émissions d’une cinquantaine de véhicules. Les premiers résultats sont assez « édifiants », selon la ministre. Alors que la moitié des véhicules, choisis au hasard, auront bientôt été testés, le bilan est clair : « Pas un constructeur automobile testé n’est dans les clous, explique la ministre. Tous dépassent ce que la réglementation autorise actuellement en matière d’émissions. » Certains modèles seraient ainsi entre 5 et 11 fois au-dessus des normes…
Il est donc clair que les tests en laboratoire ne sont pas utiles et qu’il faut urgemment les remplacer par des tests sur route. Ce qu’a décidé de faire l’Union européenne, en instaurant les fameux « RDE », Real Driving Emissions. Alors pourquoi un tel tollé après ce vote, qui semble mû par le bon sens ? Pour la bonne et simple raison que sous couvert d’améliorer le contrôle des émissions de gaz polluants, l’Europe a en réalité fait un cadeau aux constructeurs, et un beau. Non seulement les RDE ne seront pas appliqués totalement avant 2019, mais au passage, les seuils de ces émissions ont été revus. Actuellement fixée à 80 milligrammes par kilomètre, la norme concernant l’émission des fameux NOx a été relévée à 168mg/Km ! « Le poids des lobbys a malheureusement pleinement pesé sur cette décision », n’hésite pas à commenter Ségolène Royal.