Le médicament se vend bien en pharmacie mais il fait vendre aussi dans les librairies. Passé maître dans l’art d’associer les gélules aux scandales et l’industrie pharmaceutique à une entreprise de corruption, le Pr Philippe Even fait des émules.
Et ce matin, Le Parisien présente, en exclusivité, un ouvrage (1) à paraître cette semaine qui dénonce, cette fois, les effets secondaires des médicaments. A la manœuvre, un avocat, Me Antoine Béguin, un journaliste chevronné, Jean-Christophe Brisard, et le Dr Irène Frachon qui a révélé en 2011 le scandale du Mediator.
A la différence de son confrère, le Pr Even, la pneumologue de Brest fait appel à la réflexion plutôt qu’à l’émotion, préférant la mesure à l’injure. « Notre but, dit-elle dans un entretien accordé au quotidien, n’est pas d’encourager une défiance généralisée, aveugle et confuse vis-à-vis du médicament ». Celle qui a ouvert la voie aux lanceurs d’alerte dans le domaine de la santé propose d’entrer « dans une ère de réalisme et de lucidité ».
Dans la période d’après-guerre, les médicaments faisaient des miracles, comme avec la tuberculose. « Les effets étaient si spectaculaires qu’on ne s’est pas trop attardé sur les effets secondaires », rappelle-t-elle.
Mais aujourd’hui, les affaires de la Thalidomide, du Distilbène, du Vioxx et de la Dépakine « sont marquées, selon le médecin, par l’absence de précaution et/ou le sceau du profit ». Pour sortir d’un système « au fondement très paternaliste », le Dr Frachon propose de « traiter les citoyens en grandes personnes responsables ».
Une démarche louable dans une période de grande confusion. Mais le titre du livre envoie, lui, un tout autre signal : « Effets secondaires : le Scandale français ». Accrocheur et vendeur certes, mais qui laisse peu de place à l’échange et à l’exigence de pédagogie. Du coup, l’ordonnance des auteurs n’est pas exempte d’effets secondaires désagréables !
(1) Ed. First