Elle est de retour ! La pilule pour les hommes, ou plutôt l’annonce d’une « peut-être bientôt contraception hormonale orale masculine ». Cette fois-ci, c’est l’université du Minnesota qui présente des « résultats prometteurs », repris par de nombreux médias qui soulignent toutefois que la commercialisation d’une telle pilule n’est – toujours – pas pour demain…
Les chercheurs américains ne sont pas les premiers à avoir suscité une vague d’espoirs chez les hommes (car il y en a !) qui attendent un moyen simple et efficace de pouvoir maîtriser leur fertilité. Une équipe japonaise a récemment montré que des médicaments habituellement utilisés pour limiter les risques de rejet de greffons permettent d’inhiber la fertilité. Ces immunosuppresseurs empêcheraient en effet les spermatozoïdes de se mouvoir… tout du moins chez la souris.
Des travaux plus avancés avaient également fait parler d’eux l’été dernier. La Parsemus Foundation avait annoncé pour début 2016 des essais cliniques pour un gel, injecté dans le scrotum, et efficace durant 6 mois. Même si le traitement est administré sous anesthésie locale, possible que les hommes ne soient cependant pas emballés à l’idée de recevoir deux fois par an des piqûres dans les testicules.
C'est sur ce point que les travaux de l’université du Minnesota proposent une réelle avancée, car il s’agit cette fois-ci bel et bien d’une contraception orale. Comme le relate Le Parisien, les chercheurs se sont basés sur des formulations déjà existantes mais pas abouties, ou des molécules qui avaient montré leur efficacité, mais qui n’étaient pas solubles.
Le principe reste une administration d'hormones qui bloquent la production de spermatozoïdes, de manière réversible et sans effet sur la libido. Mais les scientifiques sont parvenus à un composé qui peut être administré par voie orale, et dont la stabilité dans le temps est suffisante. Problème, ces deux améliorations ont réduit l’effet contraceptif !
En attendant que les scientifiques résolvent la complexe équation de la contraception masculine, les hommes peuvent toujours se tourner vers d’autres méthodes dont l’efficacité a été prouvée et disponibles dans l’Hexagone. Parmi celles-ci, la vasectomie, prisée chez nos voisins britanniques ou allemands (50 000 opérations par an en Allemagne) mais boudée depuis toujours par les Français, qui ne seraient que 0,2 % à y recourir. La contraception hormonale injectable est une autre option. Elle n’est cependant prescrite que dans deux centres hospitaliers en France, rappelait récemment Pierre Colin, de l’Association pour la recherche et le développement d’une contraception masculine (Ardecom). Dernière approche, plus invasive, la méthode thermique, qui propose de remonter les testicules. Mais, toujours selon Pierre Colin, seul le CHU de Toulouse proposerait l’opération.
Plus simple, sans effet secondaire, peu onéreux et totalement réversible, le préservatif reste à ce jour la contraception masculine la plus facilement accessible. Or, selon Cécile Ventola, sociologue à l’Ined et auteure d’une thèse sur la contraception masculine, citée par Le Parisien, seuls 15 % des hommes s’en serviraient.
Première publication : le 16 mars 2016
Même si la commercialisation n'est pas encore pour demain...
Posté par Pourquoi docteur sur mercredi 16 mars 2016