Une seule alcoolisation massive nuit aux défenses immunitaires. Une étude parue ce 24 mai dans PLOS One conclut qu’une session de « binge drinking » (ici définie comme au moins 5 verres en 2 heures) suffit à agir sur l’équilibre bactérien de l’intestin en le rendant plus perméable.
Plusieurs travaux ont prouvé qu’en cas d’alcoolisme chronique, la perméabilité de l’intestin est plus forte. Cela favorise la transmission de bactéries dans le système sanguin, ce qui augmente le niveau de toxines bactériennes circulant dans le corps. En revanche, peu d’études s’étaient penchées sur ce sujet dans les situations d’alcoolisation massive et rapide. « Cette étude montre qu’une seule séance de binge drinking peut entraîner des dommages, comme une fuite des bactéries de l’intestin vers le système sanguin », résume le Dr George Koob, directeur de l’Institut national sur l’Abus d’alcool et l’Alcoolisme, qui dépend du National Institute of Health (NIH).
Des toxines qui restent longtemps
Si ces effets sont transitoires, ils n’en sont pas moins mauvais pour l’organisme, dans la mesure où ils persistent plus longtemps dans le sang que l’alcool. Le corps atteint son pic d’alcoolémie une heure après l’absorption d’éthanol, qui décline rapidement. L’ADN bactérien, lui, se retrouve dans le sang jusqu’à une journée après la beuverie. Cela favorise l’émission d’endotoxines, qui atteignent leur pic rapidement – 30 minutes après l’absorption d’alcool – et restent à un niveau stable pendant 4 heures. Dans cette situation, elles perturbent le système immunitaire, qui libèrent des cellules immunitaires en excès lors d’une poussée de fièvre, d’une inflammation ou d’une destruction des tissus.
Ces résultats suscitent l’inquiétude des chercheurs. « Une seule beuverie peut provoquer une réponse immunitaire, ce qui peut avoir un impact sur la santé d’un individu normalement en bonne santé. Nos observations suggèrent que la consommation excessive d’alcool est plus dangereuses qu’on ne le pensait », conclut le Dr Gyongi Szabo, Vice-doyen de l’Ecole de médecine de l’université du Massachussetts et co-auteur de l’étude. Une affirmation qui devrait inciter à la prudence et à la modération les fêtards les plus invétérés.