Les anticancéreux coûtent trop cher. Le 3e plan cancer sera présenté ce mardi 4 février, mais une enquête du Journal du Dimanche révèle la grogne chez les médecins et pharmaciens d’hôpitaux. Ils dénoncent un coût trop élevé des traitements contre le cancer.
Selon l’Institut National du Cancer (INCa), la facture des chimiothérapies est salée : elles représentent près de 2,3 millions d’hospitalisations. Pour la Sécurité sociale, cela représente la moitié des molécules remboursées, soit un coût total de plus d’un milliard d’euros que ce soit pour une chimiothérapie par perfusion ou par comprimés. Sans aller jusqu’à critiquer le remboursement de ces précieuses molécules, de nombreux médecins pestent contre les prix « scandaleusement élevés » des traitements. En avril 2012, la revue Prescrire elle aussi dénonçait les « prix extravagants » des anticancéreux.
Un coût critiqué sur le plan éthique
L’apparition des thérapies ciblées ne fait qu’empirer la situation : elles coûtent bien plus cher qu’une chimio standard et leur poids progresse chaque année. En 2011, un rapport conjoint de l'Académie de médecine et de la Haute autoritéé de santé pointait déjà du doigt le problème : « La prescription des molécules onéreuses implique un effort très important de la collectivité en faveur d'un malade. Cet effort, dont le résultat inévitable est de réduire les moyens financiers disponibles pour d'autres usages, comme la prévention et la recherche, ne peut se justifier sur le plan éthique que s'il est assorti d'une efficacité notable », soulignaient les rapporteurs.
De 27 à 114€ la dose
Dans le JDD, l’hématologue Jean-Paul Vernant critique le bilan du précédent plan cancer. « Le prix des nouveaux anticancéreux a pratiquement doublé en dix ans », dénonce-t-il. « Un jour, on n’arrivera plus à les financer. » A ses yeux, c’est « un nouveau système de fixation des prix » qui doit être défini. Entre les prix des médicaments et les charges de la structure, le calcul s’avère en effet compliqué. Le Bulletin du Cancer de 2011 détaille un mode de calcul pour le moins obscur. Une dose de chimiothérapie peut coûter de 27 à 114 euros selon la taille de la structure et le nombre de préparations annuelles. Les marges que s’arrogent les fabricants soulèvent aussi l’indignation du Professeur Vernant. Il réclame un retour vers le « bénéfice moralement raisonnable. »
Pour éviter de gaspiller trop d’argent dans les chimiothérapies, rapporte le JDD, pharmaciens hospitaliers et médecins s’organisent. Certains dépassent sciemment la date de péremption, en théorie d’une journée, dans la pratique jusqu’à 6 mois, d’autres optent pour la réattribution des préparations qu’un patient n’a pas pu recevoir. Mais ces professionnels évoluent en dehors de la législation : l’Agence de sécurité du médicament (ANSM), elle, se limite aux indications sur les notices. C’est donc leur poste que ces économistes en blouse blanche mettent en jeu.