Prendre une taille de pantalon tous les 10 ans, pour beaucoup de femmes, c’est inévitable. A 20 ans, on fait du 36 ; trente ans et trois enfants plus tard, on tape forcément dans le rayon 40-42. Mais pour les scientifiques, c’est précisément ce qu’il faut éviter de faire…
Une mesure "facile à retenir"
Selon une étude publiée dans BMJ Open, les femmes qui prennent une taille de pantalon par décennie entre leurs 20 ans et leurs 60 ans, augmentent de 33 % le risque de développer un cancer du sein après la ménopause. Ce taux s’élève à 77 % si leur tour de taille prend deux pointures par décennie.
Les auteurs de l’étude ont suivi près de 100 000 femmes pendant 3 ans. Des études précédentes avaient déjà démontré le lien entre la prise de poids et le risque de cancers, dont celui du sein. Mais c’est la première du genre qui chiffre de manière précise cette corrélation.
« Nous sommes satisfaits de trouver une association entre le cancer du sein et la taille de pantalon, car c’est une mesure très facile à retenir pour les femmes », explique Usha Menon, chef du Centre de recherche gynécologique au Collège de Londres. Le mécanisme à l’œuvre dans cette association est assez mal connu. « Des études ont montré que la graisse abdominale est métaboliquement plus active que la graisse présente ailleurs dans le corps ».
"Une manière sexy de présenter des résultats connus"
Reste une question, et pas des moindres. Quelle femme n’entre pas dans la catégorie de celles qui prennent une taille par décennie ? Exceptées les chevronnées de la gym ou les adeptes de la diet’, il semblerait que la plupart des femmes soient concernées…
« Les résultats ne sont pas à prendre au pied de la lettre, nuance Daniel Serin, cancérologue à l’Institut Sainte Catherine d’Avignon. Forcément, aucune femme n’a le même tour de taille à 20 ans qu’à 50 ! En réalité, c’est une manière « sexy » de présenter des résultats scientifiques que l’on connaît depuis longtemps ».
Pour autant, la corrélation entre prise de poids et cancer du sein ne fait pas de doute. « Si vous prenez 100 femmes actives qui contrôlent leur poids, et 100 femmes sédentaires en surpoids, vous verrez plus de cancers du sein dans le deuxième groupe, c’est un fait ».
Un constat partagé par les auteurs de l’étude. « On ne peut pas demander aux femmes de faire le même poids à 20 ans qu’à 60. Mais pour les plus jeunes, c’est une manière de leur faire comprendre qu’elles doivent maintenir un poids stable tout au long de leur vie ».