La cigarette électronique, voie d'entrée vers le tabagisme ? Dans certains cas, oui, affirme une étude publiée ce 7 janvier dans l'American Journal of Preventive Medicine. Une équipe de l'université du Minnesota a interrogé plus de 1 300 adolescents sur leur opinion à propos de l'e-cigarette et leur consommation de cigarettes traditionnelles ou non.
Un manque de connaissances
L'e-cigarette, souvent décrite comme une alternative moins nocive aux cigarettes traditionnelles, connaît un succès croissant. Mais elle fait aussi l'objet de controverses. On lui reproche parfois d'être un premier pas vers le tabagisme. Alors qu'on ne connaît pas encore précisément ses effets sur la santé ou son addictivité, les chercheurs ont voulu déterminer son impact chez un public jeune. Les adolescents participants ont donné leur opinion sur l'e-cigarette et son utilité dans le sevrage tabagique. Un an plus tard, un sondage de suivi leur a demandé s'ils avaient expérimenté le produit.
Les fumeurs et fumeurs repentis sont les plus nombreux à tester la cigarette électronique, avec des taux respectifs de 21,6% et 11,9%. Mais ce qui ressort le plus de cette étude, ce sont les 3% de non-fumeurs qui ont fumé ces produits puis des cigarettes traditionnelles. Une proportion minime, mais bien réelle. « C'est problématique, parce que les jeunes adultes développent encore leur comportement par rapport au tabac, » analyse le Dr Kelvin Choi, auteur principal de l'étude, « et l'e-cigarette pourrait les initier au tabagisme ». Il suggère donc de préciser, dans les messages publicitaires, que nous manquons encore de connaissances sur la cigarette électronique et sur ses dangers potentiels.
« Ce sont des essayeurs de tout »
Pour autant, il ne faut pas paniquer, relativise le Pr Bertrand Dautzenberg, président de l'Office français de prévention du tabagisme (OFT). Ceux qui testent la cigarette électronique ne se limitent pas à expérimenter ce produit, et cela ne signifie en aucun cas qu'ils l'adopteront définitivement. Il souligne également qu'une extrême minorité des non-fumeurs adeptes de l'e-cigarette deviennent fumeurs traditionnels.
Ecoutez le Pr Bertrand Dautzenberg, président de l'Office français de prévention du tabagisme (OFT) : « Ceux qui essaient la cigarette électronique sont ceux qui vont aussi essayer le cannabis, la chicha, les cigarettes parfumées... Ce sont des essayeurs de tout. »
S'il ne recommande pas d'autoriser la cigarette électronique aux adolescents, le Pr Dautzenberg n'est pas favorable à des restrictions d'usage pour les adultes. « Plus le produit deviendra une initiation chez les jeunes, plus on sera obligé de restreindre l'accès au produit. Cela va gêner les vieux fumeurs-vapoteurs qui, eux, ont besoin d'accéder assez librement au produit. »
Il faudra donc attendre des études plus approfondies afin de déterminer les effets de la cigarette électronique sur le long-terme. Ce n'est qu'alors que l'on pourra affirmer avec certitude si le produit aide à s'arrêter ou s'il pousse plutôt à la consommation de cigarettes traditionnelles.