L’Académie des sciences a rendu public aujourd’hui un avis intitulé L’enfant et les écrans, qui prône notamment l’éducation dès le plus jeune âge à tous ces nouveaux outils, de l’ordinateur à la tablette numérique. Comment ? « A l’école ! », répond la Fondation La main à la pâte. Créée en 1996 à l’initiative du Prix Nobel de physique français Georges Charpak, cette fondation s’est donnée pour mission d’inciter et d’accompagner les enseignants dans la transmission des sciences à l’école primaire et au collège. « Nous faisons le pari de l’intelligence et de la curiosité des enfants, explique Gabrielle Zimmermann, chef de projet pour la Fondation. Leurs interrogations sont la matière première de la discussion au sein de la classe et la première étape d’une démarche scientifique basée sur l’expérimentation par soi-même ».
Une approche originale que La main à la pâte a décliné autour de la question de l’usage des écrans. Simultanément à la parution de l’avis de l’Académie des sciences, elle publie aux Editions du Pommier à destination des enseignants des écoles primaires un module pédagogique intitulé Les écrans, le cerveau … et l’enfant.
Ecoutez Gabrielle Zimmermann, co-auteur du module pédagogique de La main à la pâte : « Ce module accompagne pas à pas l’enseignant, de la préparation de sa séance jusqu’aux questions des élèves ».
L’éducation aux écrans prônée par l’Académie des sciences peut donc passer par la découverte des fonctions du cerveau mises en jeu lors de l’usage des écrans. « Il n’est pas nécessaire de rentrer dans la complexité du cerveau. L’imagination, l’attention ou la mémoire sont des capacités du cerveau que les enfants se représentent très facilement, dès le CP », explique Elena Pasquinelli, chercheur en philosophie des sciences cognitives et co-auteur de ce module pédagogique. Chaque séance est donc organisée autour d’une fonction de leur propre cerveau que les enfants sont amenés à interroger. Par exemple, est-il possible de faire attention à plusieurs choses en même temps ?
Ecoutez Gabrielle Zimmermann : « On fait l’expérience en classe et les enfants arrivent d’eux-mêmes à la conclusion que regarder la télé en faisant ses devoirs nuit aux deux activités ».
« Evidemment, on ne passe pas automatiquement de la connaissance aux bonnes pratiques. Les enfants pas plus que les adultes », reconnaissent les auteurs du module. Mais prendre conscience des fonctions du cerveau mises en jeu lors de l’utilisation des écrans est une première étape. Les enfants émettent ensemble leurs propres recommandations de bon usage des écrans, pas à pas, au gré de leurs constatations scientifiques. Et cette charte produite par la classe est un outil précieux qui permet notamment d’ouvrir le dialogue dans les familles où l’usage des écrans est jusqu’ici plutôt un sujet de conflit.