Vacciner par le nez, ce n'est pas pour tout de suite mais on s'en approche. Le programme de recherche européen CHILD-INNOVAC, coordonné par l'Institut de la Santé et de la Recherche médicale (INSERM), a publié ce 8 janvier les résultats d'un essai de phase I, dans PLOS ONE.
Pas d'effets secondaires
La coqueluche, loin d'avoir disparu, est en recrudescence dans les pays développés. Chaque année en France, 400 000 adultes environ sont atteints de cette maladie respiratoire très contagieuse. Dans le monde, ce sont 40 à 50 millions de cas qui sont décelés. L'INSERM juge cette remontée de la coqueluche « inquiétante » aux Etats-Unis, en Australie, en Grande-Bretagne ou encore en France. D'où la mise au point du projet CHILD-INNOVAC, qui lutte contre la bactérie responsable de la coqueluche et le virus à l'origine de la bronchiolite du nourrisson.
Afin de vérifier l'efficacité du vaccin, l'équipe de chercheurs a opté pour la Suède, où la vaccination fut un temps abandonnée car inefficace. Deux objectifs étaient fixés : repérer des éventuels effets secondaires et évaluer la prise du vaccin au niveau des muqueuses. Après six mois de suivi, l'équipe a conclu que ce vaccin nasal ne possède pas d'effets secondaires et déclenche une réponse immunitaire suffisante. « Ce qui est particulièrement intéressant était qu'une seule administration nasale pouvait induire une réponse immunitaire qui se maintenait au moins pendant 6 mois, c'est-à-dire aussi longtemps que l'étude, » précise Camille Locht, coordinateur du projet. « Cerise sur le gâteau » selon le microbilogiste : chez la souris, ce mode d'innoculation déclenche même des effets secondaires positifs. En effet, les animaux ont été protégés de l'asthme et de la pneumonie.
Regardez l'interview de Camille Locht, coordinateur du projet CHILD-INNOVAC :
Une aide potentielle pour les pays en développement
Un vaccin nasal pourrait bien sûr rencontrer un grand succès en France et en Europe. Mais c'est dans les pays en développement que sa force de frappe est la plus prometteuse. Sur les 300 000 enfants qui décèdent de la coqueluche chaque année, une grande partie vient des régions les plus pauvres du globe. C'est en Afrique qu'on trouve les taux de vaccination les plus bas. Notamment à cause du coût de la vaccination par dose et par enfant. Là où une dose coûte 1 dollar, selon l'Unicef, la vaccination revient à 17 dollars par enfant. Facile à inoculer, le vaccin nasal contre la coqueluche est surtout moins cher que ceux qui existent actuellement. « Ce mode d'administration original rendra le vaccin accessible au plus grand nombre et à moindre coût, » estime Camille Locht.
On est cependant loin d'une mise sur le marché d'un tel produit. Il ne s'agit qu'un essai de phase I et de la première tentative chez l'homme. L'INSERM précise dans un communiqué qu'il faudra encore améliorer la stabilité du vaccin et produire des volumes plus élevés afin de mettre en place des essais sur plusieurs vagues d'inoculation.