Les jeux vidéo d’action au secours des dyslexiques. Une solution pas si absurde que cela si l’on en croit une équipe de l’université d’Oxford. Une étude, parue récemment dans Current Biology, suggère que la dyslexie, en plus de perturber l’apprentissage des lettres, entraîne un retard dans la réponse aux stimuli sensoriels.
Un « report léthargique de l’attention »
Les chercheurs savaient déjà qu’en plus d’avoir des difficultés au moment de s’alphabétiser, les patients dyslexiques gèrent mal les changements de stimulation sensorielle. Pour illustrer cela, le Dr Vanessa Harrar, auteur principal de l’étude, prend un exemple concret : « Imaginez que vous discutez avec quelqu’un quand vous entendez susurrer votre nom derrière vous. Votre attention se tourne alors vers le son que vous percevez et abandonne la personne à qui vous parlez – le visuel. C’est un exemple de détournement d’attention sensorielle. Nous avons découvert que passer d’un stimulus visuel vers un stimulus auditif est particulièrement difficile pour les personnes souffrant de dyslexie par rapport aux bons lecteurs. »
Les 36 participants de l’étude se sont soumis à plusieurs exercices. Ils avaient pour consigne d’appuyer sur un bouton aussi vite que possible dès qu’ils entendaient un son, voyaient un flash lumineux ou les deux en même temps. Leur temps de réaction a été enregistré, puis analysé. Quand les mêmes stimuli se répétaient, tous les participants étaient plus rapides. Mais lorsqu’une série auditive suivait une série visuelle, les dyslexiques se sont montrés particulièrement lents. Ce que les chercheurs décrivent comme un « report léthargique de l’attention », s’observe davantage quand un son succède à un flash lumineux.
Les jeux vidéo améliorent la capacité à être multitâche
Les dyslexiques ont donc plus de mal à interpréter un stimulus visuel suivi d'un stimulus sonore. Or, c'est précisément ce que poposent les programmes d’entraînement qui ne tiennent pas compte de cette difficulté. « Nous pensons que les personnes souffrant de dyslexie apprennent à associer les lettres et les sons plus vite s’ils entendent le son puis voient les lettres ou les mots correspondants », estime le Dr Harrar. C’est là qu’interviennent les jeux vidéo d’action, qui proposent une approche non verbale de la dyslexie et pourraient bien améliorer la capacité à lire et écrire des patients. « Entraîner les dyslexiques à détourner leur attention rapidement d’un stimulus visuel vers un stimulus auditif, et vice versa – comme dans un jeu vidéo d’action où l’attention change sans arrêt de cible – peut améliorer l’alphabétisation », conclut le Dr Harrar. « Les jeux vidéo d’action améliorent la capacité à être multitâche et pourraient aussi favoriser la rapidité avec laquelle les dyslexiques reportent leur attention vers une tâche, un autre sens ou toute autre stimulation. »