Si une majorité de Français reste favorable à l’euthanasie active pour les patients en fin de vie, cette question pose un cas de conscience aux corps médical. D’ailleurs, 94% d’entre eux souhaiteraient pouvoir invoquer la clause de conscience s’ils devaient être partie prenante dans un suicide assisté. C’est l’un des enseignements du sondage réalisé par le conseil de l’Ordre auprès de 650 médecins représentatifs de l’ensemble de la profession.
Récemment, le Pr Didier Sicard a remis au président de la République les conclusions de sa mission sur la fin de vie. Sans bouleverser la loi Leonetti, le rapport Sicard préconise que pour « les cas de fin de vie difficiles où le malade demande clairement que sa vie cesse, que la médecine puisse lui apporter « une sédation terminale sans violence ni hypocrisie avec une fin de vie douce et adaptée à son état ». Mais la mission exclue l'idée d'une euthanasie active. Ces propositions et d’autres sont aujourd’hui dans les mains du comité d’éthique pour avis.
Celui des médecins est partagé. D’abord, le sondage de l’Ordre montre une méconnaissance de la loi existante. 53% la connaissent très mal ou assez mal. Les médecins directement concernés par cette question dans leur exercice sont aussi nombreux à avouer leur méconnaissance que leurs confrères. Cependant, près d’un médecin sur deux (43%) estime que la loi est suffisante.
Mais le passage à l’acte pour une euthanasie active pose problème à la profession. Si le patient est conscient, 42% préféraient être consultés et ne pas participer à la décision contre 35% qui n’y verraient pas d’inconvénient. Si le malade n’est pas conscient et qu’aucune directive anticipée n’a été formulée, le rapport s’inverse. 51% veulent bien participer à la décision, 21% souhaiteraient être seulement consultés. Un sur cinq revendique la possibilité de bloquer la décision.
Dernière acte, l’administration de produits. Le corps médical reste partagé. Un sur trois (37%) pourrait participer à cette phase mais ils sont autant (37%) à vouloir se limiter à un rôle de surveillance médicale de la procédure. Chiffre révélateur de l’interrogation de la profession sur la fin de vie. 21% des praticiens demanderaient à être exclus du processus d’administration des produits.
(1) La loi Leonetti : pas d’obstination déraisonnable et ni prolongation artificielle de la vie du patient. Le médecin peut prendre le risque d’abréger la vie en administrant la dose de sédatifs et antalgiques qu’il juge nécessaire à son état.
Cette décision ne peut être prise qu’après consultation des directives anticipées du patient, ou de la personne de confiance ou de la famille.
Mise en œuvre de la procédure collégiale.
La volonté du patient de militer ou cesser un traitement doit être respectée.
Il est interdit de donner délibérément la mort à autrui.