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12ème semaine de la continence

Incontinence urinaire : des solutions pour sortir de l'enfer

Par Anne-Laure Lebrun avec Anne-Laure Lebrun

Plus de 3 millions de Français souffrent d’incontinence. Un trouble qui peut profondément altérer la qualité de vie alors que des solutions efficaces existent.  

Association française d'urologie

L’incontinence urinaire est la perte involontaire et soudaine des urines. Elle concerne entre 3 et 5 millions de Français, en particulier les femmes. Phénomène courant mais tabou, beaucoup n’osent pas en parler. Pourtant, cette pathologie se soigne et des solutions efficaces existent.

C'est principalement l’altération du muscle (sphincter) qui assure l'ouverture et la fermeture de l'urètre (par lequel s'évacue l'urine), qui provoque les fuites urinaires. Le sphincter urétral est peu puissant chez la femme, chez laquelle par ailleurs le vagin constitue « un énorme point de faiblesse dans un plancher musculaire, le périnée, très important dans les fonctionnements de continence », explique Marc Géraud, urologue et membre de l'Association Française d'urologie (AFU) et du comité d'urologie et de périnéologie de la femme (CUROPF).

Ecoutez Marc Géraud : « La continence est maintenue grâce à un robinet et sa force sont les muscles du périnée qui renforcent les sphincters »


Chez les femmes, le périnée est fragilisé par les orifices permettant le passage de l’urètre, du vagin et du rectum. Un plancher musculaire également soumis à rude épreuve par les grossesses, en particulier la première, et les accouchements.

« Il existe deux types d’incontinence. Tout d’abord, l’incontinence urinaire à l’effort qui se produit quand on tousse, quand on rigole ou quand on saute. Tout ce qui augmente la pression abdominale, explique le médecin. Et il y a les urgenturies c’est à dire les envie pressantes d’uriner quelque soient les circonstances, cela peut même réveiller la nuit ». Certaines femmes peuvent avoir une incontinence urinaire mixte qui associe les deux. Les traitements diffèrent selon le type d’incontinence.

L'incontinence à l'effort 

La rééducation périnéale. La rééducation du périnée permet de tonifier et d’apprendre à maîtriser ce muscle. Elle est systématiquement proposée aux jeunes mamans après l'accouchement. Ce traitement consiste à exécuter des contractions du périnée d’abord avec un kinésithérapeute puis à la maison pour entretenir le muscle.

La pose de bandelettes. Si la rééducation échoue ou que les symptômes sont trop importants, l’intervention chirurgicale peut être nécessaire. « Le traitement de référence est la mise en place d’une petite bandelette sous l’urètre qui va renforcer le ligament détendu qui n’assure plus sa fonction », indique Marc Géraud. L'intervention est faite à l'intérieur du vagin. Son efficacité est d’environ 90 % et très peu de cas de récidive sont identifiés.


Ecoutez Marc Géraud : «  C’est une petite opération peu douloureuse qui se fait en ambulatoire. »

 


Urgenturie ou incontinence par impériosité

Traitement anticholinergique. Pour lutter contre les contractions désordonnées de la vessie, les premiers traitements sont médicamenteux. Ils agissent sur les liaisons neuromusculaires et permettent de diminuer les contractions.

Electrosimulation. Dans certains cas, l’implantation d’un pacemaker au niveau des racines sacrées est efficace. Cette technique consiste à placer une électrode dans la région lombaire et par des stimulations électriques permettre de diminuer les contractions de la vessie. 

Injection de toxine botulique. « Puisque la vessie se contracte de façon anarchique et désobéit en permanence, et bien on l’endort », explique le spécialiste. En pratique, l’urologue pique dans la vessie et injecte la toxine botulique qui va paralyser le muscle de la vessie durant 4 à 6 mois. En France, les doses injectées sont progressives ( 50 unités puis 100) pour éviter une paralysie complète de la vessie.

 Ecoutez Marc Géraud : « Soit l'injection de botox règle le problème, soit on est obligé de refaire des injections. Mais je peux vous assurer que ces femmes qui ont une vie au quotidien insupportable préfèrent 100 fois venir tous les 6 mois se faire faire une injection. »

 

 
Grâce à tous ces traitements, il est possible de guérir complétement de l'incontinence urinaire. Cette pathologie n'est plus une fatalité et il est possible  de retrouver une qualité de vie considérablement améliorée.  « Il faut oser en parler. C'est quand même dommage de rester avec cette gêne qui est vraiment pénible à vivre au quotidien alors qu'on a plein de belles solutions thérapeutiques à proposer qui sont très efficaces », insiste l'urologue.

Dans le cadre de la 12ème semaine de la continence, l'Assocation française d'urologie répondra aux question des internautes vendredi 3 avril sur Facebook

 

 « Chez l'homme, le contexte est différent. Ils ont un très bon périnée, un sphincter puissant et un urètre qui mesure entre 10 et 12  cm. L'incontinence sera plutôt liés à des séquelles à la prostate », explique Marc Géraud. 
 
 Le plus souvent, les fuites urnaires apparaissent après l'ablation totale de la prostate en cas de cancer car l'intervention chirurgicale  peut endommager les sphincters.

 Comme pour les femmes, le traitement commence « toujours par de la réeducation bien faite par un kiné spécialisé ». Cependant,  il n'existe pas de traitement médicamenteux pour soigner l'incontinence urinaire chez l'homme. Les alternatives sont donc toutes  chirurgicales.

 Ecoutez Marc Géraud« Comme chez l'homme, il n'y a pas de vagin pour pouvoir mettre la bandelette, on fait une petite  cicatrice au niveau du périnée »

 

 

Lorsque l'incontinence est beaucoup plus importante et invalidante, les spécialistes peuvent implanter un sphincter urinaire articficiel. Cette intervention chirurgicale chez l'homme est très aisée car l'urètre est beacoup plus grand et donc plus facile d'accès. L'opération, sous anesthésie générale, consite à placer une prothèse à l'intérieur du corps. Une partie appelé la manchette se met  autour de l'urètre et remplace les sphincters. Elle est reliée à une poire de commande sous la peau d'un testicule que l'homme doit  actionner pour vider sa vessie. Au bout de trois minutes, la manchette se referme toute seule pour mettre fin à la miction.

 

 « C'est un confort assez extraordinaire, s'enthousiasme le spécialiste. Un mois après l'implantation d'un sphincter artificiel le patient retrouve sa contience. »