Trop de césariennes dans le monde. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) lance un appel inédit et émet de nouvelles recommandations en matière d’accouchement. Face à ce qu’elle juge être un phénomène « épidémique », l’agence onusienne demande que le recours à cet acte chirurgical ne soit réservé qu’aux situations médicales qui l’exigent.
Césariennes « de confort »
« Dans beaucoup de pays en développement et développés, il y a vraiment une épidémie de césariennes, même lorsqu'elles ne sont pas médicalement nécessaires », déplore ainsi Marleen Temmerman, directrice du département Santé et Recherche génésiques à l'OMS, dans un communiqué.
L’Agence se réfère notamment aux césariennes dites de confort, que les praticiens planifient à l’avance afin de faciliter l’organisation interne des établissements et la prise en charge des patientes et des nouveaux-nés. Le terme évoque aussi une demande croissante de la part des femmes, qui se tournent davantage vers ce mode d’accouchement perçu comme moins douloureux.
De grandes disparités régionales
De fait, depuis une trentaine d’années, le nombre de césariennes a baissé en France mas reste élevé, 21 % en moyenne en 2010. Avec d'importantes disparités selon les départements (de 2 % à 20 % des naissances). Selon une étude menée en Auvergne en 2013, 35 % des césariennes programmées étaient inappropriées. Parmi elles, 13 % étaient de convenance et 22 % programmées par choix interne du service.
Cette disparité se retrouve en Europe, qui affiche un taux moyen de 23 % en Europe. A Chypre, un accouchement sur deux se fait par césarienne, contre une naissance sur sept en Islande, par exemple.
Le taux moyen dans la région des Amériques est de 35,6 %, et 24,1 % dans la région du Pacifique Ouest, selon les derniers chiffres disponibles de l'OMS (de 2008), qui dénonce une véritable « culture de la césarienne » dans certains pays – notamment le Brésil où près de la moitié des bébés naissent par césarienne. Seules l'Afrique (3,8 %) et l'Asie du sud-est (8,8 %) semblent épargnées par ce phénomène.
Un acte pas anodin
L’OMS rappelle que la césarienne n’est pas un acte anodin et présente des risques d’hémorragie, d’infection, de phlébite ou d’embolie pulmonaire. Par ailleurs, une césarienne peut entraîner des complications lors des futures grossesses.
C'est la première fois que l'agence onusienne recommande clairement que l'usage de la césarienne soit limité à des raisons médicales. Jusqu’ici, elle s'était contentée de dire que le « taux de césarienne idéal » se situait entre 10% et 15% des grossesses.