La cigarette ou la grossesse : il faut choisir. Les femmes le savent bien, mais beaucoup continuent de fumer lorsqu’elles tombent enceintes. Faute, peut-être d’un suivi adapté. C’est cette intuition qui a poussé les députés à voter un amendement ce vendredi, au cours de l’examen parlementaire du projet de loi de santé.
Expérimentation dans plusieurs régions
Le texte prévoit la possibilité de lancer une expérimentation pendant trois ans, dans plusieurs régions en France. Des consultations et un suivi spécialisés seront proposés de manière systématique aux femmes enceintes fumeuses pour les inciter à arrêter le tabac. Un décret déterminera la liste des professionnels de santé habilités à pratiquer ces consultations.
L’amendement est issu d’un texte déposé en commission par le député socialiste Jean-Louis Touraine, également professeur de médecine. Son objectif est de faire infléchir la courbe des futures mères fumeuses, alors que plus d’un tiers des femmes enceintes en France déclarent fumer en début de grossesse, et 20% jusqu’à l’accouchement - les taux les plus élevés d’Europe.
Des contours à préciser
Ces consultations spécifiques « correspondent à « un vœu formulé par les gynécologues obstétriciens de France (…), qui se heurtent à une difficulté d’emploi du temps », a indiqué Jean-Louis Touraine au cours des débats à l’Assemblée Nationale. « Il est insuffisant de se contenter, dans les dernières minutes d’une consultation d’obstétrique, de dire à une patiente qu’il serait préférable qu’elle arrête de fumer. »
Avec quelques réserves sur la faisabilité immédiate du dispositif (« Comment sera-t-[il] organisé dans les hôpitaux, dans les établissements de santé, avec les médecins libéraux ? Nous aurons du travail à accomplir avant de lancer cette expérimentation »), la ministre de la Santé s’en est remise à « la sagesse de l’Assemblée ».
Risques « nombreux et avérés »
Dans son amendement, Jean-Louis Touraine rappelle les dangers « nombreux et avérés » liés au tabagisme pendant la grossesse - grossesses extra-utérines sont dues au tabagisme, fausse couche, accouchement prématuré, retard de la croissance intra-utérin du bébé (faible poids à la naissance, petite taille, petit périmètre crânien…).