456 euros. C’est le montant moyen que les femmes doivent payer de leur poche après une mastectomie. La Ligue contre le Cancer publie ce 23 avril son Observatoire sociétal des cancers. Le volet consacré à la reconstruction après un cancer du sein est sans équivoque : pour une femme sur deux, les soins médicaux et paramédicaux entraînent un reste à charge.
Plus de 1 000 euros pour certaines
Sur le papier, les soins liés au cancer sont pris en charge à 100 % par la Sécurité sociale. Mais cela ne s’applique qu’aux « actes, produits et prestations remboursables, dans la limite des plafonds fixés par l’Assurance maladie », précise la Ligue dans son rapport. Sur les 992 femmes interrogées par l’Institut BVA, une sur trois évoque un reste à charge sur les frais de transports, les dépassements d’honoraires sur des actes chirurgicaux et le coût des médicaments « de confort. »
Les sommes que les patientes doivent débourser peuvent être considérables. Pour un tiers d’entre elles, elles oscillent entre 100 et 499 €. Mais pour 27 %, le montant peut atteindre 999 euros. C’est lorsque la mastectomie est suivie d’une reconstruction que les restes à charge sont les plus élevés (1 391 € en moyenne).
Des soins clé mal remboursés
Les honoraires représentent le principal poste de reste à charge. Mais des frais « annexes », comme les prothèses amovibles adaptées ou les frais de pharmacie, sont régulièrement cités par les femmes interrogées. Des dépenses pourtant nécessaires à ces patientes. Les sacrifices consentis pour obtenir un soutien psychologique l’illustrent bien : le reste à charge représente 33 % du prix de la consultation.
Recommandé à toutes les étapes, ce soutien n’est pris en charge que sous certaines conditions. Se rendre chez le psychiatre est remboursé sur la base fixée par l’Assurance maladie. Un forfait de deux séances chez le psychologue est également accepté... Les autres seront à la charge de la patiente.
« Les femmes sont nombreuses à parler de l’effet délétère de la mastectomie sur leur image corporelle, la perte de leur féminité… Quand elles font part de ce besoin d’accompagnement, elles consentent à payer un reste à charge sur ces consultations, explique à Pourquoidocteur Emmanuel Jammes, Délégué à la mission « Société et politique de santé » à la Ligue contre le cancer. Une sur trois a déclaré avoir recours à des soins, essentiellement psychologiques, pour un montant moyen de 456 euros. C’est un vrai sacrifice financier. »
Le reste à charge pose de vrais problèmes pour les patientes qui ont subi une mastectomie. La moitié d’entre elles évoque des difficultés financières. A tel point que certaines (15 %) doivent faire appel à une aide extérieure, même si la majorité (75 %) piochent dans leurs économies.
Prothèses : un remboursement inégal
Les prothèses ne sont remboursées par l'Assurance maladie qu'une fois par an. La somme prise en charge ne correspond pas à la réalité du marché, comme le rappelle l'Observatoire société des cancers.
- Prothèse externe non adhésive : remboursée sur la base de 69,75 €. Les prix réels peuvent excéder 150 €.
- Prothèse en silicone de marque Amoena : intégralement prise en charge (160 €).
- Prothèse en silicone d'autres marques : remboursée sur la base de 69,75 €. Les prix réels peuvent dépasser 210 €.
- Les soutiens-gorge adaptés (50 € minimum) et les produits d'entretien des prothèses ne sont pas pris en charge.