Devenir mère change la vie d’une femme, mais aussi son cerveau. Une étude du Dr Liisa Galea, de l’université de Colombie-Britannique, suggère qu'un type d’œstrogène (l’hormone féminine) utilisé et la maternité permettraient d’expliquer les effets variables de l’hormonothérapie sur la fonction cérébrale.
Prescrite pour soulager certains symptômes de la ménopause chez la femme, le traitement à base d’hormones permet de traiter le déclin cognitif chez les femmes post-ménopausées, plus à risques de développer la maladie d’Alzheimer.
« Nos études les plus récentes montrent que la maternité altère la cognition et la plasticité synaptique en réponse à l’hormonothérapie, ce qui démontre que la maternité modifie de façon permanente le cerveau », explique la chercheuse.
Les résultats ont été présentés lors du 9e congrès annuel de l’Association canadienne en neuroscience, qui s’est tenu à Vancouver, au Canada, le 25 mai dernier.
Deux formes d’œstrogènes responsables
Il existe trois formes d’oestrogènes : l’estradiol, l’estrone et l’estriol. La première, qui est la plus puissante, se retrouve principalement chez les jeunes femmes et a des effets bénéfiques dans l’hormonothérapie, tandis que la deuxième, qui est plus faible et prédominante chez les femmes post-ménopausées, n’en a pas. En outre, dans ses études sur des rates, Liisa Galea a constaté que les effets de l’estrone variaient selon que l’animal avait déjà connu ou non la maternité.
Ainsi, l’hormonothérapie à base d’estrone avait des effets négatifs sur l’apprentissage des rates d’âge moyen qui étaient mères, alors qu’elle l’améliorait chez les rates qui n’avaient pas procréé. « Les hormones ont un impact profond sur notre esprit. La grossesse et la maternité sont des évènements qui changent la vie et entraînent des altérations marquées dans la psychologie et la physiologie d’une femme », rappelle l’auteur de l’étude.
Affection de la connexion neuronale
Pour parvenir à ces conclusions, la chercheuse a étudié comment ces deux formes d’œstrogènes, l’estradiol et l’estrone, affectent la neuroplasticité, c'est-à-dire la connexion neuronale. Pour cela, elle s’est concentrée sur une région spécifique du cerveau : l’hippocampe, qui joue un rôle très important dans la mémoire et la capacité spatiale, et notamment la navigation. L’administration combinée de ces deux hormones a permis d’augmenter la production de nouvelles cellules dans le gyrus dentelé (une partie de l’hippocampe).
Liisa Galea s’est aperçue que l’estradiol administrée seule de façon chronique a accru la survie de ces nouveaux neurones, tout en augmentant l’expression de zif268, une protéine impliquée dans la connexion neuronale. L’estradiol a également amélioré les performances de jeunes rates femelles dans un test comportemental, comme le labyrinthe aquatique.
Dans ce test de mémoire et d’orientation, dans lequel les rats doivent trouver, sans la voir, une plate-forme immergée dans l’eau, ceux ayant reçu une hormonothérapie à base d’estradiol, ont trouvé la plate-forme plus facilement que ceux ayant reçu une hormonothérapie à base d’estrone. « Nos résultats montrent que ces facteurs doivent être pris en considération lors du traitement des troubles du cerveau chez les femmes », conclut le Dr Liisa Galea, qui estime que ces résultats pourraient avoir des implications dans le traitement des troubles neurodégénétatifs liés à l'âge chez les femmes.