Les pilules contraceptives de 3ème et 4ème génération, n’ont pas fini de faire parler d’elles. Des chercheurs britanniques de l’université de Nottingham confirment que les femmes qui prennent ces contraceptifs, (contenant de la drospirénone, du désogestrel, du gestodène et de la cyprotérone), multiplient par 4 le risque de faire une thrombose veineuse, comparé à celles qui ne sont pas sous contraception orale.
Les scientifiques démontrent également que ce risque est quasiment doublé (1,5 à 1,8 fois supérieur)par rapport aux femmes qui prennent des pilules de 1ère et de 2ème génération (contenant du lévonorgestrel, de la noréthisterone ou du norgestimate).
Les résultats de cette étude ont été publiés ce mercredi 27 mai, dans la revue médicale British Medical Journal (BMJ).
Etude sur deux grandes bases de données
Ces travaux corroborent les résultats d’une précédente étude danoise (2011), ainsi qu’une vaste étude de l’Assurance maladie française, qui démontraient déjà à l’époque le doublement du risque d’embolie pulmonaire chez les femmes prenant des pilules de 3ème et 4ème génération.
Les chercheurs britanniques ont eux étudiés deux grandes bases de données, regroupant 1300 cabinets médicaux anglais, et ont comparé les thromboses veineuses observées chez des femmes âgées entre 15 et 49 ans et la prise d’une contraception orale. Ils ont constaté que le nombre de thromboses excédentaires pour 10 000 femmes traitées chaque année était inférieur chez celles qui prenaient les pilules les plus anciennes (6 cas recensés), que chez celles prenant du désogestrel et de la cyprotérone (14 cas). L'étude, menée par Yana Vinogradova, portait au total sur 10 562 cas et 42 034 contrôles.
Cependant, les chercheurs britanniques soulignent que le risque absolu de faire un accident thromboembolique reste faible sous pilule et que les contraceptions orales sont « remarquablement sûrs ». Toutes pilules confondues, le risque de thrombose est multiplié par trois, et l’équipe de recherche rappelle que la grossesse multiplie ce risque par dix.
Réduction de 11 % des hospitalisations
Les pilules de 3ème et 4ème génération avaient connu, en France, une médiatisation sans précédent sur les risques cardiovasculaires, entre 2012 et 2013. Les autorités sanitaires avaient alors mené un plan d’action visant à réduire de près de 25 % la prescription de ces contraceptifs. Dans les mois suivants, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) avait annoncé une diminution de 11 % des hospitalisations pour embolie pulmonaire chez les femmes en âge de procréer.
A la demande de la France, l’agence européenne du médicament (EMA) avait réévalué les risques, mais avait conclu que les bénéfices des pilules modernes étaient supérieurs aux risques.
Eviter les arrêts intempestifs de la contraception
Le Dr Christian Jamin, gynécologue à Paris, conseille que « dès qu’une femme émet des réserves quant à sa tolérance par rapport à un produit il vaut mieux choisir le produit avec lequel elle se sent le mieux parce que c’est là qu’on prendra le moins de risque ». Le spécialiste souligne qu'il est infiniment plus dangereux d’être en surpoids, d’avoir un âge qui avance, d’avoir des antécédents familiaux, ou pire une association des ces différents facteurs. Le contexte dans lequel un contraceptif est prescrit est donc au moins aussi important que le médicament lui-même.
Il souligne que la vraie leçon à tirer, c’est qu’au lieu « d’être obsessionnel sur le type de pilule on devrait être obsessionnel sur la façon dont on les prescrit ». De plus, le spécialiste met en garde contre les arrêts intempestifs de la pilule. Il rappelle aux femmes concernées par cette contraception que « ce n’est pas parce qu’on est transitoirement célibataire qu’il faut arrêter de prendre sa pilule ».