Le cancer du poumon progresse chez les jeunes. Les 20-44 ans représentent 3,8 % des cas entre 1982 et 2012, selon une édition spéciale du Bulletin Epidémiologique Hedbomadaire (BEH). Les femmes sont particulièrement concernées par cette observation. La tendance inquiète les auteurs du numéro publié à l’occasion de la Journée mondiale sans tabac du 31 mai.
Dans la plupart des pays d’Europe, le tabagisme et le cancer du poumon reculent. La France se distingue dans le mauvais sens, d’après les résultats de cette étude. C’est le seul pays où ces deux marqueurs sont en hausse. Résultat : l’Hexagone compte l’un des taux d’incidence du cancer du poumon les plus élevés d’Europe chez les jeunes hommes.
2e cause de décès par cancer
Mais ce n’est pas la consommation des jeunes hommes qui inquiète le plus. Sur la période 1982-2012, les cas de cancer ont reculé de 2,3 %. « Une légère diminution, mais qui est statistiquement significative », soulignent les auteurs du BEH. Les femmes, en revanche, continuent de fumer toujours plus. La progression du cancer du poumon (+4,3 %) le reflète bien. « Les tendances à la hausse chez les femmes de 20 à 44 ans sont (…) inquiétantes, ce cancer étant maintenant la deuxième cause de décès par cancer dans la population générale française », commentent les chercheurs.
Ces résultats sont cohérents avec ceux observés dans le reste de l’Europe. La tendance est comparable dans les différentes tranches d’âges. « Les estimations restent toutefois plus favorables pour les 20-44 ans que pour les classes d’âge plus âgées », notent les auteurs de cet article. En effet, le recul du tabagisme est plus marqué chez les jeunes hommes que chez leurs aînés, la progression chez les femmes est plus forte passés 44 ans.
« Un bon indicateur »
Des études ont tenté d’expliquer cette progression récente du cancer du poumon chez les jeunes adultes (20-44 ans). Plusieurs causes sont mises en avant. Les mutations génétiques sont en première ligne, mais les facteurs environnementaux comptent : tabagisme passif, exposition au radon et à l’amiante sont cités parmi les causes possibles.
« Les tendances récentes chez les jeunes adultes sont un bon indicateur de l’incidence à venir, et sont très préoccupantes chez les jeunes femmes âgées de 20 à 44 ans, concluent les chercheurs. Ces résultats montrent que cette population doit être la cible des campagnes de prévention, tout en maintenant les efforts contre le tabagisme chez les hommes. » En effet, la consommation de tabac serait responsable de 80 % des cancers du poumon.