L’Agence américaine des produits alimentaires et des médicaments (FDA) a approuvé ce mardi la mise sur le marché du premier « Viagra féminin » après deux refus en 2010 et 2013. Cette petite pilule rose, contenant de la flibansérine, sera commercialisée sous le nom d’Addyi.
« Cette autorisation apporte aux femmes souffrant d’une baisse du désir sexuel une option thérapeutique », a déclaré Janet Woodcock, directrice du centre d'évaluation et de recherche sur les médicaments de la FDA.
Selon plusieurs études, près de 40 % des femmes non ménopausées souffriraient d’un manque de désir sexuel. Une perte de libido ne résultant pas d’un traitement médicamenteux, d’un trouble physiologique ou psychiatrique. « C’est un phénomène fréquent chez les humains, et chez les femmes en particulier, souligne le Dr Sylvain Mimoun, gynécologue-andrologue à l'hôpital Cochin. L’absence de désir est le symptôme le plus dur à traiter ».
Contrairement au Viagra masculin qui agit sur l’organe génital pour favoriser l’érection sans stimuler son désir, la flibansérine agit sur le cerveau, le chef d’orchestre du désir.
En limitant la sécrétion de sérotonine, la flibansérine est censée réveiller la libido chez la femme. La FDA rappelle toutefois que les mécanismes d’action ne sont pas encore connus.
Cette petite pilule rose se présente alors comme un médicament révolutionnaire capable de résoudre les dysfonctions sexuelles. Or, c’est loin d’être le cas. Comme le précise la FDA, environ 10 % des femmes qui ont pris Addyi ont rapporté une amélioration de leurs rapport sexuels et de leur désir par rapport aux femmes sous placebo.
« On décrit ce produit comme un aphrodisiaque au sens de stimulant sexuel alors qu’en réalité, c’est un désinhibiteur permettant de lever certains blocages », explique le spécialiste. Ainsi, si ces freins sont (trop) nombreux, il est possible que le médicament soit inefficace. « Si une femme se plaint de manière répétitive d’avoir peu de désir sexuel voire pas du tout, elle peut se dire que ce médicament est capable de résoudre ses problèmes. Mais il ne faut pas être dans le tout ou rien et croire au miracle. Ce traitement permettra un retour progressif du désir », précise le Dr Mimoun.
En outre, les experts américains insistent sur le risque d’interaction avec l’alcool et ses effets secondaires. Addyi peut causer une chute de tension, des vertiges et une perte de connaissance. Des risques accrus avec la consommation d’alcool et certains médicaments inhibiteurs de CYP 3A4 comme des antirétroviraux, antiépileptiques ou certains médicaments cardiovasculaires. Ils indiquent également que le traitement devra être interrompu si aucune amélioration n’est apparue après 8 semaines.