« Votre dernière mammographie, c’était quand ? » A partir de samedi, ce sont Elise Lucet, Sophie Davant, Nagui et William Leymergie qui vont poser cette question aux femmes de 50 à 74 ans dans les spots télé de la campagne Octobre rose. Elles sont en effet incitées, dans le cadre de la campagne nationale de dépistage organisé du cancer du sein, à réaliser une mammographie tous les 2 ans.
Mais cette année, le lancement de la campagne d’Octobre rose par la ministre de la Santé Marisol Touraine intervient alors que l’association de consommateurs UFC-Que choisir vient de relancer la polémique sur le risque de surdiagnostic. On parle de surdiagnostic lorsque l’examen de dépistage, ici la mammographie, permet de détecter une petite lésion cancéreuse, qui n'aurait pas évolué en maladie du vivant du patient. Selon les études, ce surdiagnostic est évalué de 1% à 50%, l’Institut national du cancer (INCa) retenant le chiffre de 5 à 10% pour la France. Or ce surdiagnostic entraîne des examens complémentaires et des traitements lourds (radiothérapie, chimiothérapie, ablation) finalement inutiles puisque le cancer ne se serait pas déclaré. Pour l’UFC-Que choisir, les femmes ne sont pas suffisamment informées de ce risque de surdiagnostic lorsqu’elles sont incitées à faire une mammographie.
Marisol Touraine s’est engagée à ce que toute l’information nécessaire soit donnée aux femmes concernées. Elle a notamment demandé à l'INCa de réévaluer le plus rapidement possible le taux de surdiagnostic et la réduction de mortalité par cancer du sein chez les femmes dépistées en France.
Deux éléments qui pèsent beaucoup dans l’évaluation du bénéfice/risque du dépistage. Or ces deux chiffres font l’objet de controverses parmi les scientifiques. Pour la baisse de mortalité observée parmi les femmes dépistées, l’Institut de veille sanitaire retient le chiffre de 21%, à partir de plusieurs études réalisées en Europe quand d’autres études la jugent quasi-inexistante. Mais au-delà de cette bataille de chiffres entre spécialistes, la ministre et la présidente de l'INCa ont tenu à marteler que face au cancer du sein responsable chaque année de 53 000 nouveaux diagnostics et 11 000 décès en France, « la balance bénéfice-risque du dépistage reste positive ».
Les avancées de la recherche devraient bientôt aider à clore la polémique en limitant le problème du surtraitement. Toute la difficulté est actuellement de ne pas pouvoir distinguer au moment du dépistage s’il s’agit d’une lésion cancéreuse agressive ou indolente et peu évolutive. Les chercheurs cherchent actuellement à identifier des marqueurs génétiques prédictifs de l'agressivité ou non d'une tumeur.
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En attendant, la ministre de la Santé a tenu à rappeler l’intérêt d’un dépistage généralisé qui permet à toutes les femmes concernées d’entendre parler du cancer su sein et de pouvoir faire une mammographie prise en charge par la sécurité sociale.
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« Les femmes ont le choix de se rendre ou non au dépistage mais cette liberté suppose d’être informée. Or aujourd’hui près d’un tiers des femmes de 50 à 74 ans ne se font pas dépister et parmi elles les plus défavorisées qui ne le font probablement pas par choix », a insisté la ministre.