La nymphoplastie a changé la vie de Marie (1). La jeune femme ne pouvait plus se regarder dans le miroir. Ces dernières années, elle n’avait osé se montrer nue que devant un seul un homme, son gynécologue. Et pour cause, Marie faisait un véritable complexe sur son son sexe, dont elle jugeait les petites lèvres trop longues.
Cette situation avait engendré une vraie souffrance psychologique et des inconforts physiques au quotidien. « Ce n’était plus possible, je ne pouvais plus continuer comme ça. Je trouvais ça tellement laid, je ne pouvais pas mettre les habits que je voulais sans me sentir mal. L’opération m’a permis de retrouver une vie normale », explique t-elle aujourd’hui.
Comme Marie, de plus en plus de femmes font le choix de la chirurgie intime pour résoudre ce problème à la fois esthétique et fonctionnel. Mais comme il n’existe pour le moment aucun registre en France pour recenser toutes ces opérations, il est donc compliqué de mesurer l’ampleur du phénomène.
Toutefois, des spécialistes interrogés par Pourquoidocteur disent constater une augmentation de la demande ces dernières années. Elle tient selon eux à deux raisons principales : une médiatisation accrue de la procédure, et une évolution des techniques opératoires, devenues plus sûres et plus élaborées.
Esthétique ou réparatrice ?
Longtemps taboue, la nymphoplastie de réduction est sans doute la chirurgie de l'intime qui a le plus progressé en France. Elle consiste à retirer une partie des petites lèvres hypertrophiées, en cas d'excès particulièrement important (de 2 à 4 cm).
Dans ce type d’opérations, les dimensions psychologique et sociale sont importantes, et peuvent pousser les femmes à passer à l’acte. Pourtant, les chirurgiens plastiques sont formels : la nymphoplastie répond à une demande qui va beaucoup plus loin qu’une simple requête esthétique.
Elle a aussi une fonction réparatrice, comme l’explique le Dr Yohann Derhy, chirurgien plastique à Paris, qui réalise entre quatre et cinq nymphoplasties par semaine. « S'il y a toujours une composante esthétique dans la demande des patientes, une gêne fonctionnelle au quotidien y est le plus souvent associée notamment dans la pratique sportive ou lors des rapports sexuels », souligne –t-il. Un avis que partage le Dr Stéphane Smarrito, autre expert du sujet, à l’origine d’une nouvelle technique opératoire dénommée lambda-laser.
A tout âge
Les premières consultations avec le praticien doivent justement être l’occasion de comprendre la motivation des femmes. « Généralement, les patientes sont déterminées. Elles viennent avant tout pour elles, rarement pour leurs conjoints ou parce qu’elles voudraient imiter leurs modèles dans les magazines ou les films », souligne le Dr Gabor Varadi, qui opère de nombreuses Françaises, dans la clinique genevoise où il exerce.
Il s’agit, en fait, de femmes plutôt jeunes, et surtout, particulièrement bien informées. L’âge moyen des patientes est de 32 ans, d’après une étude menée par le Dr Smarrito. Toutefois, celui-ci distingue trois types de profils qui peuvent avoir recours à cette chirurgie.
D’abord des femmes jeunes, qui éprouvent des douleurs lors de leurs premiers rapports sexuels et décident de réagir rapidement en consultant. Ensuite, les femmes d’une quarantaine d’années, comme Marie, qui après plusieurs grossesses, constatent des inconforts plus marqués. Enfin, des femmes âgées de plus de soixante ans, qui veulent bénéficier d’une opération dont elles ne soupçonnaient pas l'existence.
Un coût potentiellement élevé
Peu douloureuse, l’opération entraîne rarement de complications post-opératoires. Mais mal réalisée, elle est très difficilement rattrapable et peut avoir des conséquences majeures sur la vie sexuelle des patientes.
Malgré tout, le succès de la nymphoplastie devrait se confirmer, principalement en raison de la satisfaction ressentie par la majorité des patientes. « Je conseillerai la nymphoplastie sans hésiter, les bénéfices sont immédiats », souligne Marie.
Plus que la crainte des risques, c'est le coût de l'opération qui pourrait en ralentir la diffusion. En tant que chirurgie réparatrice, elle est certes prise en charge par la Sécurité Sociale, mais à hauteur de 46,48 euros, avec des possibilités de remboursement par les mutuelles. Mais en fonction du chirurgien, de la quantité des gestes réalisés et de la complexité de l’opération, le total débourser peut atteindre plus de 2500 euros en région parisienne, hors consultations préliminaires et post-opératoires.
(1) Le prénom a été modifié
Il existe deux techniques principales : la technique longitudinale ou la technique triangulaire. La première consiste à raccourcir les lèvres en coupant la partie excédentaire dans la longueur. La cicatrice est alors positionée longitudinalement sur le bord libre des petites lèvres. Cette technique peut être très efficace, et permet de redessiner les petites lèvres à la demande.
Toutefois, elle doit être bien maîtrisée, car elle peut avoir des résultats catastrophiques, si le chirurgien enlève trop de matière.
La technique triangulaire peut quant à elle complètement échouer sur le plan esthétique et fonctionnel si les poins de sutures lâchent, ce qui n'est pas rare avec cette méthode, d'après le Dr Derhy.
Pour les femmes qui souhaitent avoir recours à cette intervention chirurgicale, le bon conseil est de rencontrer plusieurs praticiens pour discuter de ses besoins et de ses motivations, et pour comprendre à quelles techniques celui-ci a recours. Discutez avec d’anciennes patientes peut aider à prendre la décision. Dans tous les cas, il faut se sentir à l’aise avec le médecin, que vous vous rendiez en hôpital public ou en clinique.
L’intervention est remboursée en partie par la Sécurité Sociale, et éventuellement par les mutuelles. Mais cela ne tient pas compte des dépassements d’honoraires possibles, et le tarif final peut varier énormément d’une femme à l’autre. Un devis personnalisé fourni par le médecin pourra donner une idée de ce qui doit être déboursé de sa poche.
Avant l’intervention, deux consultations de chirurgie et une consultation d’anesthésie sont obligatoires. L’anesthésie peut être locale ou générale. Les femmes doivent arrêter le tabac et toute contraception orale, un mois avant l’intervention, et ne pas prendre d’aspirines, d’anti-inflammatoires ou anticoagulants oraux, dans les quinze jours avant. Il faut être à jeun depuis minuit la veille.
L’opération dure en général moins d’une heure et se fait en ambulatoire, et plusieurs consultations de contrôle seront prévues dans l’année suivant l’intervention. Tous rapport sexuel est proscrit dans les quatre semaines qui suivent. Parmi les signes qui peuvent être présents après l’intervention : gonflement des petites lèvres (qui s’estompe rapidement), ecchymose, sensation d’inconfort ou douleurs qui sont traitées simplement avec des antalgiques simples.