La densité mammaire est-elle un facteur de risque de développer un cancer du sein ? Cette question, récurrente dans les débats scientifiques, reste à ce jour irrésolue. Au congrès de la Société Nord-Américaine de Radiologie, qui se tient actuellement à Chicago, cette thématique a été à nouveau abordée à travers une nouvelle étude.
« Pas de différence significative »
Ces travaux, issus du Centre de Santé d’Osijek (Croatie), ont été menés d’après 53 000 mammographies réalisées sur une période de cinq ans par des femmes âgées de 50 à 69 ans.
Alors que l’on suspecte une densité mammaire élevée d’être associée à un surrisque de cancer, les chercheurs n’ont observé « aucune différence significative de densité mammaire entre les patientes atteintes de cancer et le groupe contrôle issu du programme de dépistage ». Et de conclure que la densité mammaire ne peut constituer à elle seule un facteur de risque.
De fait, les données scientifiques ne permettent pas de statuer définitivement sur ce critère. Dans ses recommandations, la HAS classe la densité mammaire élevée (>75 % chez les femmes ménopausées – les jeunes femmes ayant naturellement des seins denses) parmi « les facteurs de risque pour lesquels le faible niveau de risque n’implique pas une prise en charge autre que la participation au programme de dépistage organisé du cancer du sein ». Cette recommandation tient compte de « l’absence de preuve robuste » entre densité mammaire et cancer.
Des études biaisées
« Le problème est que les travaux épidémiologiques se fondent sur une population contrôle qui a très peu de tissu dense, explique Anne Tardivon, radiologue à l’Institut Curie. En général, la catégorie de référence a une densité mammaire inférieure à 5 %. Or, cette densité n'est pas représentative de la population générale du dépistage organisé (de 50 à 74 ans) ».
De fait, la répartition des types de densité en France, obtenue grâce au dépistage organisé, montre que la moitité des femmes (49,7 %) présentent une dentiste mammaire de type 2, selon la classification BIRADS (Breast Imaging Reporting And Data System de l’American College of Radiology). Ce type correspond à une densité de 25 à 50 %.
Ainsi, en retenant un référentiel inférieur à 5 %, le risque relatif de développer un cancer du sein en cas de sein très dense est compris entre 4 et 6, selon les estimations. « D’autres études qui se fondent sur une population de référence avec une densité mammaire de 25 %, on se retrouve avec un risque relatif de 2, ce qui fait de la densité mammaire un facteur de risque peu significatif », poursuit Anne Tardivon.
En fait, les soupçons qui pèsent sur le lien entre densité mammaire et cancer du sein procèdent d’un raisonnement parfaitement logique. « Si l’on a un sein dense, alors, on a davantage de tissu fibro-glandulaire, précise encore la radiologue. Donc le risque qu’un cancer du sein se développe est de fait plus élevé que pour une femme avec peu de glande, c’est du bon sens ». Mais en en effet, ce risque semble trop relatif et modeste pour constituer facteur certain.