Aujourd’hui, la moitié des personnes souffrant de bronchopneumopathie chronique obstructive( BPCO) sont des femmes. A l’origine de ce constat, différents facteurs. Tout d’abord, depuis plusieurs années, elles n’ont jamais été aussi nombreuses à fumer. De plus, leur système respiratoire est physiologiquement plus sensible que celui des hommes, et donc plus exposé à une dégradation respiratoire. Enfin, elles n’ont aucune notion de ce risque et sont diagnostiquées trop tardivement.
La BPCO est une maladie chronique inflammatoire des bronches caractérisée par un rétrécissement progressif et une obstruction permanente des voies aériennes et des poumons, entraînant une gêne respiratoire. Dans plus, de 80 % des cas, le tabagisme actif, mais aussi passif, est en cause.
Mais si le tabac est le premier coupable, il n’est pas le seul : la pollution intérieure comme extérieure, les expositions à des substances chimiques accroissent également le risque de développer la maladie. Cette affection se manifeste par des signes qui n’ont rien de spécifique : toux, expectorations, essoufflement deviennent de plus en plus marqués au fil de l’évolution de la maladie, et par leur banalité, n’alarment pas, sous prétexte que tousser est considéré comme normal quand on fume.
40 % des fumeuses ont moins de 17 ans
La BPCO concerne en France 3,5 millions de personnes, dont la moitié sont des femmes : des femmes qui fument de plus en plus. En 2005, 23 % d’entre elles fumaient tous les jours ; elles étaient 27 % en 2010, selon la DREES. Actuellement, 24 % des femmes âgées de 15 à 75 ans fument et 40 % d’entre elles ont moins de 17 ans.
Pourquoi ? Certes par mimétisme par rapport aux hommes, mais aussi à cause d’un marketing agressif des fabricants pour séduire cette cible.
Et face aux risques du tabac, la parité n’existe pas : la dégradation respiratoire est plus rapide chez la femme que chez l’homme. Pour le Pr Chantal Raherison, chef du service de pneumologie au CHU de Bordeaux et présidente du groupe "Femmes et poumon", pour la même quantité de cigarettes fumées, les femmes ont tendance à développer précocement des formes plus sévères de BPCO.
Dans l'entretien réalisé par Pourquoidocteur, ce professeur, qui se bat contre ce fléau féminin, constate aussi que leurs symptômes sont moins spécifiques, avec moins d’expectorations, plus de toux nocturnes, d’essoufflement et de fatigue, ce qui engendre un diagnostic plus tardif.
Diagnostic trop tardif
Le diagnostic de BPCO est en effet moins souvent porté devant une femme fumeuse (49 %) que devant un homme fumeur (64,6 %) . Une situation imputable sans doute à une vision anachronique de cette maladie, que l’on associe encore trop souvent aux hommes, faute d’avoir pris conscience de la féminisation massive du comportement tabagique.
Arrêt du tabac indispensable
Quand elle s’est développée, la maladie est inguérissable, mais différentes mesures permettent d’améliorer la qualité de vie. L’arrêt du tabac paraît évident, mais il reste à savoir ce qu’on y gagne : une étude a montré qu’il était suivi par une rapide amélioration des symptômes respiratoires. Le sevrage tabagique, de préférence accompagné, pour se donner les meilleures chances du succès, est la principale mesure qui permet d’éviter l’apparition, ou l’aggravation, de la BPCO. Ça vaut le coup d’essayer !