Pas de contraception, pas d’alcool. C'est ce que préconise le Center for disease and Controp Prevention(CDC), l’organisme de surveillance sanitaire américain, dans un rapport publié la semaine dernière et visant à limiter le risque de syndrome d’alcoolisation fœtale, ou SAF (voir encadré).
D’après leurs analyses, la moitié des grossesses ne sont pas prévues aux Etats-Unis, et de nombreuses femmes continuent à boire dans les premières semaines, avant de savoir qu’elles sont enceintes. Près de 3,3 millions de femmes seraient ainsi à risque de donner naissance à un enfant atteint de SAF, et le CDC estime que près d'un enfant sur 20 pourrait déjà être touché.
Arrêter de boire
Les experts du CDC ont donc demandé aux femmes sexuellement actives mais qui n’utilisent pas de contraception, de limiter toute consommation d’alcool, à l’instar des femmes enceintes. La proposition a immédiatement suscité la polémique dans le pays.
Ainsi, le Collège Américain des gynécologues obstétriciens a accueilli le rapport de manière très favorable. Mais de nombreuses femmes se sont insurgées contre une recommandation qu’elles jugent condescendante et impraticable. Certaines y ont vu une attaque contre leur style de vie. Plusieurs grands journaux ont également souligné qu’il était irréaliste de penser que les femmes sans contraception cesseraient de boire.
Prévention et discussion
Les CDC se sont défendus contre ces critiques, expliquant que l’idée était simplement d’alerter sur les dangers potentiels de l’alcool sur la santé, que la femme soit enceinte ou non.
De fait, l’approche des CDC n’est pas aussi radicale que certains médias ont pu la présenter. En effet, l’accent est plutôt mis sur la prévention et sur le dialogue avec les professionnels de santé que sur l’interdiction de toute consommation d’alcool.
Le rapport met notamment en avant l’importance pour les médecins de discuter avec les femmes de leurs envies de grossesse, et de leur proposer des moyens contraceptifs adaptés, si elles ne souhaitent pas tomber enceintes, surtout si elles boivent de l’alcool.
Par ailleurs, si une patiente éprouve des difficultés à freiner sa consommation, le professionnel de santé peut envisager de la diriger vers des services de soutien capables de l’accompagner.
Syndrome d’alcoolisation fœtale (SAF)
En France, il concerne entre 700 et 3000 naissances, sur les 800 000 annuelles. Le syndrome d’alcoolisation fœtale (SAF) correspond à une exposition prénatale à l’alcool très grave. L’alcool consommé par la mère passe dans le sang et arrive directement au fœtus en traversant le placenta. Le risque de naissances prématurées et de fausse-couche est alors élevé.
Les conséquences sur la santé du bébé à naître sont très importantes. Elles vont des malformations au retard de croissance et aux problèmes neurologiques, en passant par des troubles du comportement.
Les organes internes (cœur, foie…) peuvent notamment être très affectés, avec de graves malformations. La maladie mène souvent à des retards intellectuels. Les enfants atteints de SAF ont un QI généralement compris entre 15 et 115, avec une moyenne de 67. Une intelligence « moyenne » est plutôt associé à un QI situé entre 90 et 110.
Aujourd’hui, on ne connaît pas la dose en deçà de laquelle il n’y a aucun risque pour le fœtus. Une chose est sûre, aucune consommation d'alcool ne bénéficie à son développement. Mieux vaut donc éviter toute consommation.