« Je n’en peux plus. Quelques jours avant mes règles, mon humeur et mes émotions commencent à se comporter comme des montagnes russes... Euphorie mais surtout grande tristesse, déprime. Souvent, le jour avant le début de mes règles, je passe pratiquement ma journée à pleurer et à voir le monde en noir... C'est devenu vraiment difficile à supporter, mais aussi pour mon partenaire. » Marine, 32 ans, a cru comme beaucoup de femmes que son humeur de chien quelques jours avant ses règles était tout à fait normale. Elle a donc enduré – et fait endurer – cette irritabilité pendant des années. « Mon ami commençait vraiment à en avoir marre et à me dire que mes hormones avaient bon dos. Bref, il pensait que j’avais tout simplement mauvais caractère. »
Si bon nombre d’hommes remettent en cause l’origine de ces troubles, ils ne sont pas les seuls à vouloir savoir si cette humeur de chien est bien liée aux hormones. Des chercheurs canadiens ont donc épluché une cinquantaine d’études scientifiques sur le sujet. Et dans seulement 15% des cas, ils ont retrouvé une association entre des perturbations de l’humeur et la période prémenstruelle.
Les sautes d’humeur avant les règles ne seraient-elles qu’un mythe ? Cette revue de la littérature qui vient de paraître dans « Gender médicine » ne permet pas d’être aussi définitif. En revanche, elle met en évidence une chose : les médecins peinent à expliquer ce phénomène depuis la nuit des temps. Pour Hippocrate, le père de la médecine, ces symptômes existaient bel et bien et il les attribuait "à l'agitation du sang cherchant à s'échapper de l'utérus". En 1953, le terme de syndrome prémenstruel apparaît mais pas moins de 150 signes ont été répertoriés. Une partie d’entre eux sont purement physiques et les autres relèvent davantage du champ émotionnel. Au début des années 80, ces troubles comportementaux sont même reconnus en Grande-Bretagne comme circonstance atténuante dans deux affaires de meurtre. Cette étude canadienne qui ne parvient pas à établir un lien entre humeur maussade et période prémenstruelle permet aussi de souligner que le syndrome prémenstruel ne peut pas être réduit à une perturbation de l’humeur.
Comment savoir si on souffre d’un syndrome prémenstruel ? Le plus souvent, les femmes se sentent fatiguées, les seins gonflés, elles souffrent de maux de tête… ne sont pas à prendre avec des pincettes, et ces désagréments sont tels que la qualité de vie s’en ressent. Selon une étude canadienne, 84% des femmes souffrant de ce syndrome estime qu’il a des conséquences néfastes sur leur vie sexuelle. Si vous vous reconnaissez dans ce tableau, sachez que le diagnostic de syndrome prémenstruel ne sera posé que si les symptômes se sont manifestés lors de la majorité des cycles pendant l’année écoulée. Par ailleurs, ils doivent disparaître pendant au moins une semaine par mois.
Selon les estimations, 20 à 30% des femmes ressentiraient chaque mois, quelques jours avant leurs règles, un ensemble de symptômes physiques et émotionnels. En outre, on estime que 5 à 6% des femmes souffrent, elles, d’un syndrome prémenstruel sévère appelé le trouble dysphorique prémenstruel. Ce qui ne veut pas dire que 65% des femmes n’ont aucune raison de se plaindre tous les mois ! Ces signes ne doivent pas être négligés. Il est en effet important d’en parler à son médecin car ces symptômes peuvent cacher une dépression ou une pré-ménopause.
Est-ce qu’il existe un traitement contre le syndrome prémenstruel ? Avant de traiter, il est possible de prévenir ces troubles en faisant de l’exercice physique régulièrement. La natation, le jogging ou encore la danse augmentent l’irritation sanguine des organes, ce qui permet de régulariser la fluctuation des hormones sexuelles. Une alimentation saine et régulière, permettant de maintenir un taux de sucre stable, peut aussi atténuer les symptômes. Et si une bonne hygiène de vie ne suffit pas, des traitements médicamenteux peuvent être envisagés. Pour lutter contre l’irritabilité, on peut avoir recours à certaines pilules contraceptives et à des antidépresseurs dans les cas les plus graves. Quant aux douleurs au niveau du ventre ou des seins, les anti-inflammatoires non stéroïdiens sont efficaces.